Bon allez, après avoir pas mal tergiversé et avoir été très influencée (elle se reconnaitra), je me décide enfin à entamer un blog .Je préviens tout de suite que ce blog ne sera pas très consistent mais plutôt un condensé de posts à l’emporte-pièce pour retranscrire de manière organisée et illustrée les notes griffonnées sur mon carnet de route. Ainsi, à travers mes pérégrinations, j'espère procurer une bouffée d'air frais et vous donner envie de larguer les amarres.

Pourquoi ce TDM ?

-Parce que lors d’un voyage en Argentine, j’ai eu la chance de rencontrer un tas de gens intéressants "tourmondistes" qui m’ont donné l’envie irrésistible de m’y essayer (il se reconnaitra).

-Parce que je vis ma vie à l'envers, ou plutôt je vis ma liberté, en toute objectivité. Puis la retraite je n'en verrais pas la couleur alors autant la savourer tant que je suis jeune, dotée d' une énergie et d'une curiosité débordantes.

"Vivre ses rêves plutôt que de rêver sa vie", tel est mon crédo.

-Parce que le voyage est aussi intérieur, il apporte des indices à cette quête éternelle du soi et dévoile souvent de nombreuses révélations.


Allez, hop, on charge la carapace, la maison pour les mois à venir, on n'oublie pas le sésame pour franchir les frontières, les yeux tendus vers l'horizon, c'est parti!

dimanche 19 septembre 2010

3eme semaine : du choc de l’Inde à l’épreuve de l’Inde



18h de train plus tard, nous arrivons enfin à Agra à 11h. Malgré le confort primaire et l’atmosphère putride, la nuit s’est bien passée.

Nous grimpons dans un rickshaw pour rallier l’hôtel que nous avions listé la veille, comme d’habitude, le chauffeur tente de nous diriger vers l’hôtel de son « cousin ». Je réussis à négocier une chambre avec la « clim indienne ». Une sieste plus tard, le chauffeur de rickshaw nous récupère pour aller visiter la ville : le fort rouge, le petit Taj Mahal, plusieurs jardins. Le temps est couvert mais l’architecture coloniale est impressionnante.





On ne tarde pas à se coucher car demain le lever est prévu à 5h30 pour enfin admirer le lever de soleil sur le Taj Mahal.

La nuit a été courte, je n’ai pas réussi à trouver le sommeil. Notre hôtel est à proximité de l’entrée sud du Taj Mahal et pour nous ravir, la file d’attente est quasiment inexistante. Pour info, le prix du billet est de 30 Rps pour un autochtone alors qu’un touriste paie 20 fois ce prix (750 Rps soit 10€). Le Taj Mahal nous a toujours fait rêver. Nous allons enfin le voir de nos propres yeux !!!
Après une inspection corporelle, nous pénétrons enfin dans l’enceinte du lieu mythique. Nous passons la gigantesque porte et découvrons à travers une voute le splendide Taj Mahal. Il nous apparait tel un mirage. C’est vraiment grandiose ! Pour la petite histoire, cet édifice a été imaginé par l’empereur mongol Shâh Jahân en mémoire à son épouse décédée alors qu’elle donnait naissance à leur 14ème enfant. Imposant de par sa taille, son fabuleux marbre blanc et la finesse du travail effectué tout autour et à l’intérieur du bâtiment, le Taj Mahal ne peut laisser indifférent.




Il y a bien sûr beaucoup de touristes mais à ma grande surprise, ce sont plus que majoritairement des indiens en vacances. L’ambiance est conviviale. Les indiens sont très curieux de nous parler et de nous prendre avec eux en photo comme à l’accoutumée. 





Nous rentrons à l’hôtel via une petite rue jonchée d’immondices et sommes pris d’assaut par des gamins qui nous sollicitent de manière insistante et vont même jusqu'à nous bombarder de projectiles avec tout ce qu’ils trouvent par terre. Sales gosses ! Ils doivent être lassés de voir quotidiennement tout ce flux de touristes.
En quittant l’hôtel, le gérant nous recommande fortement de nous rendre à Bharatpur, nous prenons un bus sans nom, délabré jusqu’à la moelle, un truc digne des années 30 qui nous mène au premier village. Nous avalons un déjeuner rapide puis partons explorer les lieux. Nous déambulons dans les petites rues du village. Sur sa petite charrette, un indien vend des trucs à manger mais il y tellement de mouches dessus qu’on ne peut rien voir!


On se fait immédiatement accosté par 2 gamins qui veulent absolument jouer les guides et nous déballent tout ce qu’ils savent en français ou espagnol. On n’arrivera pas à s’en débarrasser, ils nous collent aux talons et insistent pour que nous achetions des petites figurines en terre cuite. Après un don de quelques Rps, ils se décident enfin à nous laisser tranquille en haut de la gigantesque mosquée qui surplombe Fatepur Sikri. Je crois que le spectacle le plus fascinant aura été de voir un gamin encouragé par tous ses copains, plonger dans un bouillon de culture, similaire à ce qu’on peut voir dans les dessins animés avec les grosses bulles au milieu de la vase de 5 cm. J’ai filmé la scène tellement j’étais choquée, leur système immunitaire doit être infaillible.






On monte dans le bus tout aussi pourri que le précédent et quasiment vide, direction Bharatpur et là commence un vrai moment d’hystérie. 3 mecs sont montés dans le bus et ne peuvent s’empêcher de me mater sans baisser le regard une seule fois, j’ai beau les fixer, mais c’est inefficace. Apres un bon moment, plus que lassée, je monte le ton et les insultes vont crescendo mais ça ne fait qu’amplifier leurs rires et attiser mes nerfs. Choc culturel, visiblement, les marques de respect sont différentes. Le trajet est assez éprouvant, la chaleur est intenable dans le bus qui est bondé, la route toujours aussi défoncée et en plus on nous fait payé une place de plus à cause de notre sac à dos, quelles pompes à fric ces gens!
A la descente du bus, on se retrouve dans un village digne du far West du 19eme siècle, les gens ne cessent de nous dévisager. On n’est pas inspirés par les lieux et on décide repartir sur le champ. Je crois que ma crise de nerfs était probablement un signe, on aurait du retourner à Agra directement. Au guichet de bus, on ne cesse de nous doubler, on doit se démener en jouant des coudes mais les indiens ne respectent même pas les règles minimums dans les files d’attente. Putain mais d’où il sort ce terme de file indienne ?! Je pique encore une crise qui frise l’hystérie, j’insulte tous azimuts en jurant de ne plus jamais remettre les pieds dans ce pays. Rémi est assez médusé et essaie de calmer le jeu. Le bus pour notre retour vers Agra s’apparente à une véritable bétaillère, nous sommes entassés comme des poulets à l’arrière. Certains ne peuvent même pas s’asseoir normalement, en position précaire entre nos jambes et la tête coincée sous la bâche, ou debout sur le pare-chocs arrière. 1 heure comme ça sur une piste passablement défoncée, dans une atmosphère irrespirable frisant les 45°C, je dégouline de tous mes pores. A la limite du tenable et proche de la syncope, nous quittons enfin l’enfer de cette bétaillère avant de poser le pied par terre et d’être pris d’assaut par une ode de chauffeurs de Rickshaws qui s’abat sur nous. J’atteints mes limites, ce pays est décidemment épuisant! Je ne supporte plus les gens, ils me donnent la nausée, on a vraiment le sentiment de n’être que des billets de banque ambulants à leur yeux, c’est décevant. Il faut pourtant rejoindre New Dehli ce soir et encore une fois un conducteur de rickshaw essaie de nous embobiner en nous incitant à prendre le bus plutôt que le train, les ordinateurs pour imprimer les billets étant hors service le dimanche, pas crédible. Il nous emmène dans une agence de voyage pour acheter les billets de bus, il se prend sa com’ au passage et ne respecte pas le deal et nous rackette encore pour la course vers le bus. Le bougre s’énerve quand nous descendons sans payer et je lui fais comprendre qu’il faut qu’il arrête ses pratiques malhonnêtes, il lâche l’affaire en vociférant. Visiblement il n’a jamais eu affaire à une femme qui osait monter le ton. C’est dingue qu’il faille sans arrêt se battre pour rendre justice.
A certains moments et pour la première fois, j’envie presque les adeptes de voyages organisés qui se laissent flotter au gré des visites guidées et retournent dans leur hôtel bien douillé le soir.
On grimpe dans le bus très kitch pour Dehli, j’ai besoin de me décharger de tout le stress accumulé en lâchant quelques larmes en écoutant mes mp3, ce n’est pas la première fois…
Le trajet parait interminable, le chauffeur prend la liberté de s’arrêter toutes les 30 min, souvent pour se taper la discute avec des gens au bord de la route et pour que des passagers fassent quelques emplettes ou même dans un restau de bord de route pour diner. C’est quoi ce service ? Un couple du Bengladesh se joint à nos complaintes et nous explique que eux aussi ont du payer le tarif touriste alors que leur pays est loin d’être des plus développés. Le bus n’est décidemment pas la bonne option !
Vers minuit, nous arrivons enfin à Dehli, l’essaim de racketeurs est toujours fidèle au poste à notre descente et épuisés nous optons pour un gamin qui ne doit avoir environ 12 ans, de nuit et vu notre état de fatigue c’est difficile à dire. Il ne s’empêche pas pour tripler le prix de la course, une embrouille de plus. Un autre chauffeur à l’air plus honnête nous harponne et nous emmène dans un hôtel qu’il connait. Quelques rues immondes et défoncées plus tard, on s’effondre sur nos lits dont la literie est dégueulace mais épuisés, on est peu regardants.
Ce matin je souffre d’un mal de gorge, l’odeur de rance est très forte. Je vais prendre une douche avant de me rendre compte qu’il n’y a pas d’eau. Encore une journée qui débute sous les meilleurs hospices. On rassemble nos affaires fissa et quittons cet hôtel miteux. Une fois de plus, c’est à coup de joutes verbales que nous obtiendrons le remboursement des nuits préalablement payées. Ces escrocs restent médusés face à mon attitude, eux aussi n’ont pas l’habitude de voir une femme hausser le ton.
Nous partons alors à la recherche d’un autre hôtel plus salubre. Les rues que nous traversons sont dans un état indescriptible, on slalome autour des monticules d’immondices, des rats qui se baladent partout, des gamins au visage sale, les mouches qui nous encerclent et de la poussière encore et toujours, une véritable décharge à ciel ouvert. Le tout fermente sous un mercure dépassant les 40°C. Malgré la chaleur, les chaussures fermées sont fortement recommandées. Dégoutés, on franchit la porte d’un hôtel plutôt confortable et après quelques minutes de marchandage, on négocie une belle chambre avec A/C pour 1600 Rps, une super affaire selon le proprio francophile. Nous déposons nos affaires et partons déjeuner sur Caunnough Place, un grand rond point où se regroupent plusieurs boutiques et restaurants (chics pour la plupart). On s’octroie un bon repas dans un restau de choix mais Rémi n’est visiblement pas dans son assiette. Je contacte un CSurfer qui s’est proposé de jouer les guides, et cerise sur le gâteau la visite se fera en voiture. Gurdeep n’est pas très bavard et ne semble pas comprendre notre anglais, nous ne me comprenons pas non plus, bref un véritable discours de sourds. Nous visitons l’ersatz des Champs Elysées, la porte de l’Inde érigée en hommage aux 85.000 soldats indiens tombés au combat dans les armées anglaises.




Petite pause dans un café à l’ambassade d’Italie dont notre guide est membre. A l’entrée, la voiture est passée au peigne fin, nos passeports analysés, les vigiles ne rigolent pas. Je déguste un thé vert au jasmin, ce café est très sympa même si l’atmosphère est européenne, en plus il y a du wifi!! Nous partons à la gare acheter nos billets de train pour demain vers Amritsar toujours escortés de notre guide. L’avantage c’est que sa présence nous fera gagner une bonne heure d’attente, il se charge de réserver les billets pour nous et trouve des places alors que le train est bondé J. Rémi étant toujours flagada, nous rentrons à l’hôtel et nous endormons âpres avoir maté le film de Polanski Rosemary’s baby.
Je n’ai pas bien dormi, c’est peut être le film creepy de la veille, on glandouille dans la chambre jusqu’au check out à midi. Rémi semble aller un peu mieux. Au moment de quitter l’hôtel, un des employés nous demande de payer pour une nuit supplémentaire car nous avions fait le check in à 10h20 la veille, alors que l’heure du check in n’est nullement spécifiée. Décidemment, il faut mener un combat quotidien dans ce pays pour ne pas se faire dépouiller. Je demande à parler à son supérieur qui remballe l’employé et s’excuse tout en insistant que je lui donne mon facebook, numéro de tel, etc… Puis quoi encore ?!
On quitte les lieux et après 10’ de rickshaw chargés de nos sacs et littéralement affamés, nous essayons le Mc Do indien. Comme tout lieu issu de corporation occidentale, on nous ouvre la porte et nous souhaite la bienvenue. Ces marques d’attention pour un fast-food, ne cessera de m’étonner, le paradoxe à l’état pur. Je dois avouer que les burgers végétariens sont plutôt bons et le pain est beaucoup moins épais. Rassasiés, nous partons vers le temple du lotus, une sorte de copie du théâtre de Sydney. C’est un temple Bahaï qui représente un groupe islamique fondé en Iran. Je ne suis pas fan de l’architecture. Pour la Nième fois, les gens se figent comme des statues en me voyant, ils me déshabillent du regard sous toutes les coutures, les regards insistants pèsent de plus en plus sur mes nerfs, je rentre dans leur jeu et les mitraillent à mon tour, surtout ne pas détourner le regard, déstabilisés, ils capitulent, je savoure ma petite victoire. Même une gamine ne peut s’empêcher de déloger son regard sur moi sur toute l’allée menant à l’entrée du temple. J’ai vraiment l’impression d’être une bête de cirque. Hommes et femmes s’alignent dans 2 files séparées et après s’être déchaussés, on pénètre enfin dans l’enceinte du temple. Rien de transcendant à l’intérieur, l’ambiance est équivalent celle d’une église chrétienne et les sermons sont en Hindi.
 





Petite pause dans le parc du temple avant de se rendre à la gare pour prendre notre train vers Amritsar. Le lieu est très touristique et je dois dire que c’est vraiment tordant et pathétique à la fois d’observer le comportement des indiens, le summum étant le passage de 3 filles blondes qui se font littéralement mitraillées du regard par 2 indiens. Ils se croisent puis les 2 indiens se retournent une fois de plus pour se rincer l’œil une dernière fois. Et rebelote ils en remettent une couche lors du passage d’une autre occidentale. C’est pathétique. D’après les explications que j’ai pu recueillir, la raison de ce reluquage intempestif se situe dans le fait qu’aux yeux des indiens, les occidentaux sont très exotiques et très beaux. D’autre part, l’image de la fille occidentale correspond aussi à l’icône typique des films pornos, ce qui n’arrange pas notre réputation.
A notre sortie du parc, comme d’hab les rickshaws se jettent sur nous avec les mêmes questions : « Rickshaw my friend », « which country ?», « are you married ? »… Apres s’être une fois de plus bagarré pour trouver un rickshaw qui accepte d’enclencher son compteur métrique, on entame une course de 30 minutes à zigzaguer entre les chiens, les vaches, les gens, dans un cocktail de pollution, poussière et concert de décibels de klaxons   pour rejoindre la gare. L’Inde, vrai kaléidoscope d’images et d’impacts sensoriels. En attendant notre train, un indien tient le crachoir à Rémi et il a du mal à s’en débarrasser. 19h : nous prenons place dans le wagon couchette, 2 mecs imperturbables ne cessent de nous mater jusqu’à ce que nous décidions de rejoindre nos banquettes et nous coucher. Les arrêts de train s’enchainent et les relans d’odeur de pisse, excréments et autres déjections, c’est tellement infect que ça me sort de mon sommeil. Tous nos sens sont sollicités, aux odeurs se mêle le spectacle visuel, nous assistons malgré nous à un défilé de culs dénudés qui délestent leur intestin sur le bord de la voie ferrée. Voyager à bord des trains indiens, ça forge le caractère.
6h30, nous débarquons à Amritsar, la ville frontière avec le Pakistan. Rémi n’est vraiment pas en forme, il s’est vidé toute la nuit, il n’échappe pas une tourista. Difficile pour l’organisme de gérer ses énergies de la même façon surtout lorsqu’il fait 40°C avec un degré d’humidité de 80%. On attend jusqu’à 7h avant de contacter notre hôte CSurfer Jolly, un peu embarrassés de le déranger si tôt, on le prend un peu de court mais il accepte de nous accueillir maintenant. En raccrochant le téléphone public de la gare, le gars essaie de me faire payer le double de la communication, en vain, je ne me laisse plus plumer.
En sortant de la gare, c’est une ode de rickshaws qui s’agglutinent autour de nous et vocifèrent à coups de « hello where you go ? », « cheap, cheap », si tôt le matin alors qu’on a très mal dormi dans les conditions précaires du train, nos nerfs sont mis à rude épreuve. Petit à petit, on a pourtant appris à rembarrer poliment ou ignorer efficacement tous ces mendiants adhésifs. Rémi se retient tant que mal de gerber, malgré les soubresauts de la route menant à notre hôte qui habité près de l’aéroport.  Le rickshaw nous dépose devant une résidence privée surveillée et nous demande 150 Rps, je lui en donne 90 et il commence à s’emporter, me demandant même d’appeler Jolly qui me conseille de lui en donner 100. Je crois avoir enfin trouvé un moyen de jauger le degré d’arnaque, le baromètre du tarif juste sera proportionnel au degré d’énervement du conducteur. Je commence à me prendre au jeu ;-) On s’approche de la maison qui de l’extérieur nous semble déjà assez cossue, nous sommes accueillis par Jolly en pyjama qui porte un turban sur la tête ainsi qu’un autre autour du visage, comme un œuf de Pâques. Je pense naïvement qu’il a surement une rage de dent avant de comprendre plus tard que c’est une sorte de conditionneur pour maintenir sa longue barbe dans une esthétique harmonieuse. L’intérieur est magnifique, tout est fait de marbre blanc, y compris les escaliers et sur 2 étages. Visiblement on a atterri chez une famille de Sicks très aisée. J’explique à Jolly que Rémi est malade et il nous invite à nous reposer dans la chambre d’amis. Quel bonheur de découvrir un lit en 160 (avec la tête de lit) et une salle de bain privée (équipée de WC occidentaux), on est au paradis ! On a beaucoup de mal à se comprendre en anglais. Les quelques bouchées que Rémi avale ne resteront pas longtemps dans son estomac. Nos hôtes partent diner chez des amis et nous remontons dans notre chambre. Leurs enfants, une fille de 13 ans et un fils de 10 ans dont les cheveux n’ont jamais été coupés par tradition fait un boucan du diable en tapant sur des bols en inox avec des cuillères, la TV est allumée à plein volume alors que le grand père essaie de dormir. La notion de respect n’est pas de rigueur. Le typique enfant roi !




L’état de santé de Rémi ne s’améliore pas, au contraire, il divague et me dit souffrir de sortes de dépressions dans l’oreille droite. On décide de quitter les lieux et rentrer chez nos hôtes. A la sortie du temple, on récupère nos chaussures et je rigole un bon moment lorsque en me servant du tissus orange pour essuyer la boue séchée de mes pieds, une indienne m’interrompt violemment en criant « don’t do that! This is sacred » Euh…ok. Elle a du me prendre pour une occidentale arrogante, pouvais pas savoir. On ne fait pas 500m avant que Rémi ne régurgite son repas, tout en se contorsionnant pour soit disant dépressuriser ses tympans, c’est très étrange. L’avantage c’est qu’on ne se fait pas harceler dans la rue. Je me bagarre encore pour payer une course en rickshaw au tarif local, à force je prends la main et sa porte ses fruits. Rémi dormira tout l’après-midi et de mon côté j’en profite pour écrire un peu et répondre aux emails, il y a du wifi ici :) . Je commence un peu à flipper en regardant les news sur le net, apparemment il y a une recrudescence d’encéphalites japonaises dans la région d’Amritsar. Niveau piqures de moustiques, on a été gâtés.. Nous descendons diner en entamant un bout de conversation avec Jolly qui reste orientée vers la bouffe et visiblement
Après quelques heures de sommeil salvateur, enfin perturbé par un petit incident, un vieil homme, le grand-père, s’est avancé dans la chambre et en me levant pour le saluer, il a tenté de m’embrasser sur la bouche, ça commence bien, mais c’est quoi leur problème à ces mâles indiens ? Nous descendons faire connaissance avec nos hôtes. On prend place sur les sofas, c’est tellement rare en Inde et aussitôt Jolly claque des mains et ordonne à sa femme de nous préparer quelque chose à manger. Situation très embarrassante, j’ai beau dire que nous n’avions pas faim mais en vain. Les conversations sont assez limitées, les réponses à mes questions restent brèves, dur d’alimenter les discussions. Après un très bon repas fait de thé Chai, chappattis et légumes pas trop épicés, Jolly nous dépose en ville dans sa grosse berline, direction le Golden Temple. Il y a déjà une longue file d’attente devant le temple souhaitant faire l’offrande au dieu Krishna d’autant plus qu’aujourd’hui on célèbre son anniversaire. On doit se déchausser et je suis obligée de couvrir mes cheveux d’un tissu orange que je noue en mode guerrier. A l’intérieur, on se joint à la marche très lente autour du bassin, on se fait reluquer comme d’hab et me prend la tête avec des mecs qui prennent encore des photos à mon insu.

Le lendemain, Rémi va beaucoup mieux, ses cataclysmes intestinaux semblent appartenir au passé, pourvu que ça dure. En revanche, c’est moi qui écope d’un rhume carabiné, je n’ai quasiment pas fermé l’œil de la nuit. Un monticule de mouchoirs s’est accumulé sur le lit. De toute façon, aujourd’hui, on a décidé de se faire une journée glandouille pour recharger les batteries. On est un peu embarrassés de rester isolés sans vraiment interagir avec nos hôtes. En plus la femme de Jolly est au petits oignons avec nous, toutes les 4h, nous dégustons de délicieux mets indiens, on enchaine thé chai et chappattis. On est servis comme des rois. Plus tard, dans la soirée, on l’accompagne faire des courses avec les enfants. C’est la première fois que l’on voit une femme indienne conduire, l’ambiance est au top dans la voiture. Les enfants sont vraiment marrants, surtout le garçon, il nous a même fait une démo de danse digne des films bollywoodiens. Nous continuons de marcher un peu de nuit dans la ville en compagnie de notre petite famille. Au hasard des rues, nous tombons sur des cérémonies hindouistes : milliers d'offrandes aux multiples couleurs, sons de cloches répétitifs et interminables. On se prend au jeu, honorons les divinités avec des offrandes et je repars le front arborant la tikka (point rouge au niveau du 3ème œil).
On rentre à la « maison » avec un stock de tablettes de chocolat pour palier au manque de magnésium et…parce que ça nous manquait trop !
Jolly et ses amis sont déjà bien entamé l’apéro, on nous tend des verres de whisky, l’alcool étant le meilleur remède pour nous remettre d’aplomb selon le patriarche de la maison, on est loin des concepts de la philosophie hindouiste. Il me force la main pour un second round, le bougre! Selon ses dires, c’est un verre d’alcool pour l’ennemi et 2 verres pour l’ami, pff, faudra trouver autre chose. J’ai décidément peu d’affinités avec ce type, la veille il m’a posé pas mal de questions du genre « est ce que c’est vrai qu’on peut voir des femmes nus sur la plage en France ? », il voulait aussi savoir si je vivais seule, si j’avais un copain et s’il pouvait venir passer quelques jours chez moi. Il prévoit de partir voyager en Europe tout seul, sans sa famille.
Jolly étant parti vider quelques bouteilles avec ses amis, son fils monte dans notre chambre et me demande de bien vouloir ouvrir la porte à son père lorsqu’il rentrera, si je suis toujours éveillée. C’est quoi ce plan foireux, comme s’il n’avait pas les moyens de faire un double des clés. Tard dans la nuit, la bête est de retour, après avoir abusé de la sonnette et tambouriné à la porte, quelqu’un daigne aller lui ouvrir. Quelques minutes plus tard, j’aperçois dans la pénombre du couloir éclairé pas la plaine lune, la silhouette de Jolly s’approchait de notre lit. Je me redresse et pousse un cri. Effrayé il tourne les talons. Quel pervers!   
Ce mec me débecte, il a la 40aine et un bide très proéminant, d’ailleurs en Inde on peut évaluer la classe sociale d’une personne selon le volume de sa bedaine, c’est une valeur sure.

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