Bon allez, après avoir pas mal tergiversé et avoir été très influencée (elle se reconnaitra), je me décide enfin à entamer un blog .Je préviens tout de suite que ce blog ne sera pas très consistent mais plutôt un condensé de posts à l’emporte-pièce pour retranscrire de manière organisée et illustrée les notes griffonnées sur mon carnet de route. Ainsi, à travers mes pérégrinations, j'espère procurer une bouffée d'air frais et vous donner envie de larguer les amarres.

Pourquoi ce TDM ?

-Parce que lors d’un voyage en Argentine, j’ai eu la chance de rencontrer un tas de gens intéressants "tourmondistes" qui m’ont donné l’envie irrésistible de m’y essayer (il se reconnaitra).

-Parce que je vis ma vie à l'envers, ou plutôt je vis ma liberté, en toute objectivité. Puis la retraite je n'en verrais pas la couleur alors autant la savourer tant que je suis jeune, dotée d' une énergie et d'une curiosité débordantes.

"Vivre ses rêves plutôt que de rêver sa vie", tel est mon crédo.

-Parce que le voyage est aussi intérieur, il apporte des indices à cette quête éternelle du soi et dévoile souvent de nombreuses révélations.


Allez, hop, on charge la carapace, la maison pour les mois à venir, on n'oublie pas le sésame pour franchir les frontières, les yeux tendus vers l'horizon, c'est parti!

mardi 26 octobre 2010

This is it!

Voila, c'est fini...

Mon aventure se terminera ici, a Johannesburg, le 26 octobre 2010. A 24h de mon retour en France, meme s’il est encore un peu tot, il est temps pour moi de faire un premier bilan.
Ce n'est pas sans une petite pointe de nostalgie que je mets aujourd'hui un terme final a ce blog (mais je compte bien noircir la page une fois de retour au bercail).
J'essaie de penser a tout ce que j'ai pu vivre... C'est un peu confus dans ma tete, ca part dans tous les sens.
Au final, j'aurais vécu un superbe tour du monde de 178 jours. Que d'images, de souvenirs, de paysages, de monuments, de visages, de cultures rencontrées, de misères découvertes... Pas ou peu de galeres finalement, des rencontres qui me marqueront a jamais, des moments magiques. Quel bonheur d'avoir réalisé mon rêve! J'ai beaucoup de mal a realiser. Une chose est sure, sans Couchsurfing cette aventure n’aurait jamais été aussi intense et passionante, c’est un concept que j’ai décidé d’adopter pour la vie! Souvent je me suis posé la question, et si CS n’avait pas existé…
Difficile de résumer 5 mois de sa vie a travers le monde. Ca fait du bien pourtant de savoir quitter ses habitudes, de toujours découvrir sans jamais se lasser ou peut être vers la fin quand la fatigue se fait plus presente, d'ecouter et d'essayer de comprendre des mondes differents. Et puis, quelle sensation de liberte ! En voyage on vit intensément : pas de routine, tous les jours de la nouveauté... On se déplace, les gens que l'on croise sont différents, on se sent vivre très fort. On a un état d'esprit different, on est plus ouvert et c'est tres stimulant.
Pour moi voyager, c'est être aussi au plus prés de ce que nous sommes réellement c'est à dire des êtres libres! Voyager c'est aussi une maniére de se libérer de toute alienation (travail, vie quotidienne, mais aussi amis et famille !), une maniére de se retrouver soit même, de se découvrir et dans une certaine mesure de s'accepter à travers la vie et le regard des autres, ceux que nous découvrons. A différents moments, j'avais l'impression que toutes les aberrations de ma vie "normale" me sautaient au visage d'une maniére tellement évidente que je décidais de tout changer au retour ! Mais trés rapidement, on reflechit et on sait tres bien que la vie "quotidienne" nous fait perdre le fil que nous tissons avec notre moi intérieur.

Si j'ai changé? Non. En tous cas, j’ai certainement changé ma perception du monde et surtout ce voyage m'a permis de relativiser sur bien des points et de mieux apprécier mon pays. Tout cela pour se rendre compte qu’au final, ces 5 mois de voyage contribuent de façon perpétuelle à m’enseigner la VIE.

Quant au retour, comme beaucoup de mes prédécesseurs, je l'appréhende. Je pense qu'une réadaptation sera nécessaire. A bien y réfléchir, il me semble plus facile finalement de partir que de revenir. Une nouvelle aventure commence alors pour moi: apres avoir reussit mon voyage, reussir mon retour !

Je vous laisse, j'ai un avion à prendre...
J'ai hâte de vous revoir.



dimanche 10 octobre 2010

Chapitre IV: la dolce vita en Thailande- Bangkok


6h plus tard de vol plus tard et après une courte escale à Singapour, nous foulons enfin le sol thaïlandais. La première chose qui m’interpelle c’est l’air inodore, fini l’odeur putride persistante de l’Inde et les routes sont faites de bitume. Le retour à la civilisation tant espéré ! On échange des devises et grimpons dans un bus pour partir à l’assaut de la capitale. On déniche une guest-house à l’arrache sur la fameuse « Khaossan Road » et trouvons un petit endroit qui ne paye pas de mines mais qui fera l’affaire pour 2 nuits. On va pouvoir dormir à nouveau sur un lit, ce n’est pas du luxe après un mois à dormir à même le sol. 
Epuisée, je me cale un moment pour me remettre de la nuit blanche de la veille. Ce qui me choque tout de suite en arrivant dans ce quartier ce sont les grappes de touristes, moi qui les fuient habituellement, je dois avouer que ça fait du bien d’en voir aujourd’hui, ça m’aurait presque manqué. L’atmosphère est tellement cool ici, on se sent vraiment bien, j’ai l’impression d’être à nouveau en vacances après tant de résistance et de combat quotidien en Inde.
Khaossan Road  est la rue la plus animée de Bangkok connue de tout les backpackers, elle est jalonnée d’hostels , de boutiques en tout genre, endroit idéal si l’on veut des contrefaçons de sacs de grande marque, des bars et des restaurants à foison, des étals proposant brochettes de poulet, soupes, nems en passant par les fruits et même des insectes grillés, bref de l’hébreu gustatif...le tout baigné dans les décibels de musique commerciale poussés plein volume. Khaosan Road est un lieu de passage où les gens ne reste pas très longtemps, en général, juste le temps de d'organiser la prochaine étape.
Nous prenons notre premier repas thaï au restau de la guest-house, j’opte pour un Pad Thaï dont on m’a venté les délices et je ne suis pas déçue, l’orgasme culinaire qui n’embrase pas la bouche et pour une somme dérisoire. Je suis ravie, je vais pouvoir reprendre quelques kilos J On arpente les rues du quartier, il y a plein de trucs vraiment sympas qui activent dans mon cerveau une envie soudaine de consommation. Je résiste mais craque pour des T-shirts au design vraiment original, en plus mon sens aiguisé du marchandage a limité les pertes matérielles. Pas fan de shopping en France, je profite toujours de mes échappées lointaines pour faire du shopping touristique, une fois de retour au bercail mes achats deviennent alors des bouts de voyage qui ressurgissent dans mon quotidien. Il y a même des 7/11, great ! On ne m’avait pas menti, la Thaïlande est très développée et occidentalisée. On essuie une grosse averse pour rejoindre l’hostel et là on s’aperçoit que l’endroit a pris des allures de discothèque, les amplis à fond diffusent les derniers tubes et ça ne cessera qu’à 2h du mat. Dans un tel quartier ce genre d’ambiance était prévisible.


Le lendemain, on part découvrir le patrimoine architectural des temples, on est très loin du pèlerinage des temples d’Inde. Je sais je radote ne cessant de comparer ce pays avec l’Inde.







Notre visite commence par un temple que nous trouvons un peu par hasard au détour d’une rue. On est tout de suite fasciné par les dorures et les fins détails qui ornent le temple. Un homme nous interpelle et nous explique qu’aujourd’hui c’est le jour du Bouddha, pour l’occasion, d’autres temples sont ouverts, on est chanceux car ça n’a lieu qu’une fois par an. C’est le dernier jour de la semaine du gouvernement, on profite donc des tarifs réduits pour voir tous les monuments pour seulement 10 B/personne. Notre conducteur de Tuk-Tuk est bien plus aimable que ceux rencontrés en Inde. Premier arrêt au temple Traimit qui abrite la statue le Bouddha d’or, plus grande statue en or au monde, 3,3m et 5,5 tonnes, elle vaut son pesant d’or ! Vraiment impressionnant. On fait un passage à l’office du tourisme pour glaner toutes les infos afin d’échafauder notre itinéraire. L’employée tente de nous refourguer un package à un prix exorbitant, on peut certainement trouver bien meilleur marché. On reprend notre tournée des temples, l’un des gardiens du temple nous invite à adopter la position du lotus et papoter un peu avec lui.


 Le peuple thaïlandais me plait déjà. On fait ensuite la connaissance d’un jeune français installé ici depuis plusieurs années avec son père, un négociant dans l’import export de bijoux et autres pierres précieuses, apparemment c’est un marché très juteux. A l’instar de l’Inde, notre chauffeur insiste pour nous conduire dans des boutiques où il est commissionné, on est sympas, on sait que c’est pour nourrir sa famille alors on joue le jeu mais on quitte la partie au bout de 4 arrêts à but purement commercial, faut pas abuser. D’autant plus que j’ai lamentablement craqué pour une paire de pendentifs.  On enchaine les temples et pour clore la journée on se rend au Golden temple qui abriterait les véritables cendres de Bouddha, et contemplons le coucher du soleil. 










On a beaucoup mitraillé aujourd’hui. Avant de retourner à l’hostel, nous achetons des billets pour se rendre à Koh Samui, on a opté pour un combo bus+ferry à un très bon tarif. Nous partirons donc demain à 19h pour celle à la réputation paradisiaque. 




























Nos papilles sont à nouveau gâtées par notre diner. On a entendu dire que la capitale était sale, polluée, chargée de bruits assourdissants mais honnêtement, ça n’a rien à voir avec l’Inde. A mes yeux, tout est écarlate, le mini chaos est attachant ici. Difficile de dire à quoi ça tient, les odeurs sublimissimes de cuisine, les couleurs, la chaleur, la nonchalance, l'or des temples qui côtoie les conditions modestes sur certain trottoirs. Cette ville est un grand bordel mais c'est un bordel infiniment plus humain.que l’Inde. Ici on est pas oppressés ou vu simplement comme des vaches à fric.
Dernière nuit dans le beat incessant de l’ambiance night club, j’ai hâte d’être enfin bercée par le bruit du ressac.








Le lendemain est lui aussi culturel, nous rendons visite à sa Majesté le Palais Royal et le temple Wat Phra Kaew, emblèmes absolus de la Thaïlande et de la royauté, qui se trouvent dans la même enceinte.
A l’entrée on m’avise qu’il est obligatoire de porter une tenue convenable, mon débardeur n’étant visiblement pas approprié, je suis obligée de louer une chemise à l’accueil pour cacher mes épaules.
 Je pensais atteindre l’overdose de temples, mais il faut reconnaître qu’ils valent le coup d’œil, avec une débauche de stupas, dorures, petits édifices plus beaux les uns que les autres. Dire que nous avons été émerveillés par la  beauté et la richesse des temples de la capitale est un euphémisme. Le problème avec les temples c'est qu'il faudrait posséder une 10 aine de paires d'yeux pour contempler autant de grandeur et d'esthétisme à la fois. L’architecture Thaï se mêle à l’architecture européenne, c’est splendide. Je laisse les images parler d’elles mêmes. 









Pas très loin du Wat Kaew, se trouve le Wat Pho, une autre merveille dont il faudrait des jours entiers pour en apprécier la valeur en détail.

 

Et enfin, l'illustre Bouddha couché de 46 mètres de long sur 15 mètres de haut. Ses pieds, incrustés de nacre présentent les 108 états de Bouddha 














Il est temps de regagner l’hôtel pour récupérer nos sacs, j’arrive à négocier un tuk-tuk pour 80 Bahts, au lieu de 150. Ce marchandage est devenu ludique. J’ai remarqué que plus on payait cher la course, plus le conducteur appuyait sur le champignon. Ce n’est pas plus mal, ils restent bien plus disciplinés que les kamikazes Indiens. Une fois nos carapaces sur le dos, remarchandage pour rallier les quais de la rivière. En prenant l'une de ces navettes-bateaux publiques qui sillonnent les Klongs (canaux de la Chaya Phraya), on gagne un temps infini par rapport aux taxis et tuk-tuk englués dans le trafic. Ce genre de bateau dessert plusieurs quartiers le long de la rivière, on descend (j’ai failli me retrouver dans l’eau en m’extirpant à cause de mon sac) au terminus pour aller buller au plus grand centre commercial le MBK, 5 étages de boutiques en tout genre, un genre de grand marché dans une fourmilière. On profite du wifi et du rafraichissement que procure la clim’. Nous repartons vers la gare vers 18h pour embarquer dans notre bus à destination de Samui. Avec 30 minutes de retard,  on grimpe dans un bus bondé de touristes mais depuis l’Inde, j’ai développé une affection pour eux, et j’arrive même à supporter des jeunes français qui ne cessent de se plaindre et faire des blagues potaches. On quitte Bangkok que nous n’avons pas exploré en profondeur mais une chose est sure, la visite et découverte des temples bouddhistes m’a vraiment inspirée.

lundi 27 septembre 2010

4éme semaine : la fin du calvaire approche


Je suis HS ce matin, je suis toujours  enrhumée, il faisait au moins 35°C dans la chambre la nuit dernière, impossible de trouver le sommeil après l’incident de la veille du coup, j’ai passé 2h sur le net à glaner des infos et témoignages sur la culture indienne. Je crois que je suis lassée, épuisée, usée par l’Inde. Douce France, comme tu me manques ! Ça fait déjà quelques jours que je ne cesse de rêver de carlingues d’Air France.
On a décidément du mal à nouer des liens avec nos hôtes comme nous avions pu le faire lors de nos précédentes expériences de Couchsurfing. On ne peut pas dire qu’ils ne sont pas sympas mais il n’y a pas d’atomes crochus.
Nous partons en ville et faisons une longue pause café dans un « Coffee Day », on en profite pour écrie, papoter, casser du sucre sur le dos des indiens. Et surtout on apprécie pleinement ce qu’on prend d’habitude pour acquis, d’être en bonne santé, de se sentir bien, de n’avoir mal nulle part. Deux allemandes attablées en face de nous, sont elles aussi plongées dans la rédaction de leur carnet de bord. On négocie un taxi collectif, sorte de Van Volkswagen qui met des plombes à décoller pour se rendre à la frontière pakistanaise : wagha border située à 30km. Commence ici une course infernale, notre chauffeur est un fou, le van se faufile comme un serpent de la rue, je flippe et préfère fermer les yeux pour diminuer mon angoisse, et puis j’évite ainsi à mes yeux d’être de vrais réceptacles à poussière. Le confort est très sommaire, Rémi et moi partageons un siège pour 2 à l’avant et nos culs sont en train de frire sous les dégagements de chaleur générés par le moteur situé sous nos fesses. Arrivés à la frontière en un seul morceau, thanks God ! Les files d’attente étant toujours séparées, j’accède à la porte frontalière avec le Pakistan beaucoup plus vite que Rémi, il y a peu de visiteurs de sexe féminin. 
A l’intérieur de l’enceinte, chacun prend place sur les gradins toujours séparés selon le genre sexuel, on attend plus de 30 min sous un soleil cuisant avant que le show commence. Attention, c’est un vrai show à l’américaine, des militaires mesurant pas loin de 2m engoncés dans leurs costumes exubérants encouragent le public en vociférant dans leur micro. J’ai rarement vu des indiens aussi grands. A ma grande surprise, il y a aussi des militaires de sexe féminin. Les femmes qui m’entourent mettent à profit leurs cordes vocales, les décibels s’affolent. 1ère étape de la cérémonie : les femmes se mettent en rang par 2 et une fois le drapeau entre leurs mains, leur mission consiste à courir une distance de 100m et le transmettre à un autre binôme. C’est plutôt marrant mais c’est encore plus drôle lorsque des femmes s’adonnent à toute une série de danses bollywoodiennes, je reconnais la musique de la BO de Slumdog Millionaire. La cérémonie prend des allures plus solennelles lorsque les militaires se livrent à une chorégraphie de marche militaire, on assiste alors à une série d’ouvertures et fermetures de la porte séparant l’Inde du Pakistan. Du côté pakistanais, la symétrie est parfaite, même concept, hommes et femmes séparés sur les gradins. Les militaires des 2 pays se saluent sans fioriture. 







Nous quittons les lieux et c’est toute une foule se dirigeant vers la sortie que nous devons affronter sous une chaleur toujours aussi écrasante. Je retrouve enfin Rémi dans toute cette cohue et nous partons rejoindre le van qui nous attend pour rentrer à Amritsar. On ressort un peu déçus, ça doit vraiment être plus intéressant pour les locaux. Le trajet de nuit cette fois est au diapason du précédent, en plus notre kamikaze de chauffeur ne comprend pas où l’on veut descendre du coup on le guidera. On doit encre marchander la course en Rickshaw pour rentrer chez notre famille d’accueil. C'est toujours une partie de joutes verbales. Si les Occidentaux se mettent à payer le double pour n'importe quoi, ils se font une mauvaise réputation. Ça nous fait passer pour beaucoup plus riches que nous sommes. Sur la route on a croisé une voiture gisant dans un fossé, un vrai spectacle pour les gens qui s’agglutinent en masse. Nous retrouvons notre petite famille elle aussi agglutiné devant le petit écran, visiblement fascinés par l’émission « India got talent ».
Je pars rejoindre la femme de Jolly dans la cuisine pour l’aider à préparer des chappattis, j’apprends alors qu’elle est plus jeune que moi et qu’elle a eu son premier enfant à 13 ans, je suis déconcertée. Affamés nous savourons notre repas, un pur délice. Ces quelques jours chez l’habitant m’ont réconciliée avec la nourriture locale. 
L’appel du lit est trop fort, c’est notre dernière nuit de grand confort, on s’habitue vite. Demain, nous bouclons la boucle, retour vers Mumbai.

Le lendemain, Jolly nous dépose à l’aéroport où s’ensuit une série de contrôles, ils sont très suspicieux, on a du montrer notre passeport et nos billets au moins 3 fois avant d’accéder au check in. Pour la première fois depuis notre arrivée en Inde j’ai froid, j’avais oublié la sensation de la clim. 
1h plus tard nous arrivons à Dehli pour une escale qui s’avère plus longue que prévu, notre vol pour Mumbai ayant été annulé. Je suis quand même épatée de voir une marque d’organisation à l’aéroport, ils ont pris soin de mettre des chariots devant les tapis, wow !
On tue le temps dans la « food court » de l’aéroport, en bons occidentaux, on opte pour des cornets de frites et une pizza végétarienne. Une bonne dose de rappel du western world ne peut pas faire de mal ;)
Une fois arrivés à Mumbai, nous partons rejoindre un Couchsurfer, Meet qui va nous héberger pendant les derniers jours de notre séjour. Le chauffeur de taxi ne connait apparemment pas le quartier de Versova, il s’arrête au moins 5 fois pour demander son chemin aux gens dans la rue, typiquement indien. Il osera même me dire que Meet nous a donné une adresse erronée. Tiens ce n’est pas la première fois qu’on nous sort cette excuse histoire de se déculpabiliser. Après 1h30 d’errance, on rejoint enfin Meet en compagnie d’une autre CSurfeuse chinoise à qui on relègue notre taxi. Il nous apprend qu’elle a décidé de bouger car elle s’ennuyait chez lui mais regrettait sa décision en apprenant que nous arrivions. Ca promet…
On fait connaissance avec Meet qui est super sympa, même si on a du mal à le comprendre parfois, il partage un appartement avec des amis férus de Koppoeira, sans oublier 3 petits chatons errants et leur mère qui ont élus domicile chez lui. Ils sont trop mignons mais n’ont que la peau sur les  os. Il nous laisse nous reposer sur les matelas au sol pour se rendre à sa séance de fitness, il veut absolument perdre ses kilos en trop. 



A 23h, notre hôte est de retour, on avale quelques chappattis et des patates au curry et petits légumes puis partons rejoindre ses amis qui nous conduisent vers la promenade le long de la plage. J’en profite pour discuter et pousser l’indiscrétion sur les mœurs indiennes et la notion de relation notamment le mariage arrangé.
1h30, on s’affale sur nos matelas imprégnés d’une odeur de rance à laquelle on ne s’habitue toujours pas.

Le lendemain, Meet part bosser très tôt. Nous déjeunons avec ses amis qui ont préparé un délicieux repas et dans une ambiance bon enfant. Je crois que se qui me manquera sera l’usage de ma main droite (sacrée) pour apporter les aliments à ma bouche. Finalement, j’ai pris conscience que les plats n’ont pas la même saveur lorsqu’on enfourche la nourriture, le contact dermique exalte les saveurs. Bhavna s’est aussi jointe à nous, elle est actrice à Mumbai mais fait beaucoup de déplacement notamment aux US et au Canada. C’est la première personne indienne rencontrée que l’on comprend aussi bien. Elle nous parle pendant un long moment de ses déceptions amoureuses et de la pression de ses parents pour la pousser à se marier. Elle  est très sympa, ouverte, émancipée, très loin de l’indienne « ordinaire ». C’est du aux contacts fréquents de la vie occidentale lors de ses déplacements pro à l’étranger. 



On passe un super moment à déguster du thé Chai et des biscuits « p’tit cœur » (oui ! les mêmes qu’en France), papoter, regarder un film.. Meet me fait bien rire en me demandant le mode d’emploi détaillé du French kiss, j’ai changé de sujet avant qu’il n’exige une démo.  

Nous rentrons, Meet semble énervé après ses amis, ils se disputent en Hindi du coup il nous emmène diner dehors, direction « Banana Leaf ». Je commande un plat de riz avec légumes en sauce en précisant bien en Hindi que je ne veux pas d’épices : No mesala ! Je crois que la prochaine fois je demanderais un plat épicé pour que ma requête soit enfin comprise. Du coup je n’ai quasiment pas touché à mes légumes, une seule bouchée m’avait littéralement enflammé le gosier. Je me contente d’un plat de riz nature. Il est déjà 23h, Meet commence à 6h30 demain, on repart chez lui. La capoeira bat toujours son plein à notre retour à l’appart. Je discute un bon moment avec un des amis qui a passé 5 ans en Espagne et 10 ans aux US, c’est toujours très intéressant d’avoir les retours de ce genre d’expériences lorsqu’il s’agit de cultures aussi contrastées.

De retour, Meet nous motivera finalement pour aller faire un tour au « Mall infinity », sorte de grand centre commercial où nous nous ravitaillons en tablettes de chocolat. On avale une assiette de riz fris puis partons rejoindre Bahvna chez elle pour la pause thé. La course en rickshaw est une fois de plus un calvaire, on traverse un bidonville en enchainant des crevasses pleines de boue, ah le chaos de Mumbai, ça ne m’avait pas manqué. L’appart de Bhavna est très propre et cerise sur le gâteau, il y a du PQ dans les toilettes!! J’imagine que c’est la première fois qu’on voit ça chez des particuliers.

Pas très motivés pour affronter la jungle de Mumbai, nous passons l’apres-midi à buller dans notre nouveau cocon avec nos nouveaux amis en les filmant en train de danser la Capoeira, ils nous apprennent quelques figures, mais la souplesse indienne est un avantage indéniable.
On mate quelques minutes de « you think you can dance » à la sauce curry tout en papotant, un des colocs qui est Sikh nous explique qu’il respecte la tradition et ne s’est donc jamais coupé les cheveux, il en 24 aujourd’hui. Il les attache en chignon juste au dessus du front, c’est particulier. En fait, l’histoire anecdotique c’est que lorsque le Pakistan faisait partie des Indes, les musulmans voulaient convertir les Sikhs à l’Islam et ont menacé de les ébouillanter dans de l’huile si ces derniers refusaient de couper leurs cheveux. Ils n’ont pas cédé. Depuis, en hommage à leurs ancêtres victimes, les Sikhs déclinent le coup de ciseaux.

Dernière journée à Mumbai. 6h30 nous faisons un dernier au-revoir à Meet, il est triste et nous aussi, il a été super avec nous. On passe la  journée dans l’appart avec les colocs, on écrit, trie les photos, buvons du thé Chai, dégustons le délicieux déjeuner qu’on nous a préparé. On est aux anges. Ceci dit, je ne suis pas tentée par le lait de buffle.
Le soir, nous remercions et quittons nos hôtes, une fois de plus leur hospitalité et générosité sans limite nous a touché. Notre séjour en Inde s’achève sur une note très positive, dire qu’il y a quelques jours, la rancœur me rongeait et je prévoyais déjà d’arroser notre départ définitif de l’Inde avec du champagne. Les dernières 48h dans notre petit cocon a été un vrai baume pour le cœur. Y reviendrais-je un jour ? je ne pense pas, mais qui sait avec le recul, la question reste en suspend..
Il est temps de tourner une nouvelle page, direction la Thaïlande que j’ai hâte de découvrir.

Le bilan après un mois en Inde :
4 semaines en Inde, c’était peut être trop ambitieux. Je n’ai pas su m’adapter, garder mon sang froid au quotidien et tout simplement apprivoiser ce pays. Les indiens sont déroutants : un sourire, une arnaque, une incompréhension, un fou rire, un pétage de plomb, l’Inde et ses paradoxes. Elle nous aimante et nous rejette. Visiter l’Inde c’est une sorte de danse continuelle avec les émotions, il faut trouver sa place, si on s’approche trop près du soleil, on se brule les yeux, si on s’en éloigne trop, les couleurs deviennent fades et insipides.
J’imagine que ces contraintes font partie du voyage lorsqu’on veut qu’il se déroule dans des conditions rudimentaires, à la roots, nous mettant le plus en contact avec la population locale. Malgré tout, on conserve l’étiquette de l’occident backpacker empruntant bus locaux et trains pour les longues distances (en évitant la 1ère classe quand même).
L’Inde rendrait-elle fou ? Une chose est sure, l’Inde nous apprend beaucoup sur nous-mêmes et transforme en profondeur notre vision du monde. Le choc culturel qui donne le vertige à l’occidental.. On perd ses repères en Inde, on ne sait pas comment l’appréhender, on s’interroge même sur la manière d’imposer ses propres valeurs. L’occidental vacille sur le socle de ses certitudes.
Parfois, les nerfs à vif, je m'en voulais de traiter les Indiens avec un mépris digne du colonialisme victorien. Je remercie mon mp3 d'avoir été un vrai sédatif pour tous mes moments d'hystérie.
Je crois que ce qui aura été le plus difficile pour moi outre les sollicitations incessantes, la chaleur suffocante, la pollution, la misère, les odeurs infectes et le vacarme sans limite, restera le regard des Indiens sur moi. Ici on n’est pas seulement regardé, on est scrutés, observés, littéralement déshabillés du regard. On a l’impression d’être à la fois adulé comme une star et prendre des allures d’extraterrestre ou bête curieuse.
Ici la route est le supplice qu'il faut endurer pour atteindre le prochain lieu de visite mais j'ai compris qu'il ne faut pas considérer le voyage comme un moyen d'aller d'un point à l'autre, il faut voir la route comme une manière d'être.
L'Inde m'aura aussi initiée au marchandage, une des meilleures écoles pour faire ses preuves. Finalement, ici le commerce n'est rien qu'un emballage plastique de supermarché autour de la riche histoire de l'Inde. Après tout, ce pays a été envahi tant de fois, mais il a toujours su préserver sa culture. Le capitalisme est le dernier envahisseur en date et quand cet ennemi aura été vaincu comme les précédents, on retrouvera le même peuple mystique autochtone. Le côté mystique était ce que je m'attendais à toucher du doigt ici mais en vain... Peut être que le capitalisme ne disparaitra pas comme les autres envahisseurs. L'Inde a peut être déjà perdu la guerre, c'est son côté mystique qui est en train de mourir.

Alors je sais qu'à l'écriture de ces dernières semaines je n'ai pas été tendre dans mes propos mais à ma décharge, j'ai vraiment tenu à être sincère sur ce que j'éprouvais au contact des différentes facettes de l'Inde même si je n'y suis pas aller avec le dos de la cuillère. Je crois que l'axiome qui dit que l'Inde on l'adore ou on la déteste est assez juste. Difficile de maintenir un barycentre ici à moins peut être de s'isoler dans un ashram. Je dois aussi avouer que sans la présence de Rémi et les CSurfers, j'aurais capitulé au bout de 3 jours.
On ne ressort pas indemne d’un voyage en Inde. Je me demande comment j'aurais vécu un retour direct en France si je n'avais pas eu l'opportunité de continuer le voyage vers d'autres lieux exotiques.
Est ce que je reviendrais en Inde? je ne pense pas ou du moins pas avant un long moment.
Namasté!

dimanche 19 septembre 2010

3eme semaine : du choc de l’Inde à l’épreuve de l’Inde



18h de train plus tard, nous arrivons enfin à Agra à 11h. Malgré le confort primaire et l’atmosphère putride, la nuit s’est bien passée.

Nous grimpons dans un rickshaw pour rallier l’hôtel que nous avions listé la veille, comme d’habitude, le chauffeur tente de nous diriger vers l’hôtel de son « cousin ». Je réussis à négocier une chambre avec la « clim indienne ». Une sieste plus tard, le chauffeur de rickshaw nous récupère pour aller visiter la ville : le fort rouge, le petit Taj Mahal, plusieurs jardins. Le temps est couvert mais l’architecture coloniale est impressionnante.





On ne tarde pas à se coucher car demain le lever est prévu à 5h30 pour enfin admirer le lever de soleil sur le Taj Mahal.

La nuit a été courte, je n’ai pas réussi à trouver le sommeil. Notre hôtel est à proximité de l’entrée sud du Taj Mahal et pour nous ravir, la file d’attente est quasiment inexistante. Pour info, le prix du billet est de 30 Rps pour un autochtone alors qu’un touriste paie 20 fois ce prix (750 Rps soit 10€). Le Taj Mahal nous a toujours fait rêver. Nous allons enfin le voir de nos propres yeux !!!
Après une inspection corporelle, nous pénétrons enfin dans l’enceinte du lieu mythique. Nous passons la gigantesque porte et découvrons à travers une voute le splendide Taj Mahal. Il nous apparait tel un mirage. C’est vraiment grandiose ! Pour la petite histoire, cet édifice a été imaginé par l’empereur mongol Shâh Jahân en mémoire à son épouse décédée alors qu’elle donnait naissance à leur 14ème enfant. Imposant de par sa taille, son fabuleux marbre blanc et la finesse du travail effectué tout autour et à l’intérieur du bâtiment, le Taj Mahal ne peut laisser indifférent.




Il y a bien sûr beaucoup de touristes mais à ma grande surprise, ce sont plus que majoritairement des indiens en vacances. L’ambiance est conviviale. Les indiens sont très curieux de nous parler et de nous prendre avec eux en photo comme à l’accoutumée. 





Nous rentrons à l’hôtel via une petite rue jonchée d’immondices et sommes pris d’assaut par des gamins qui nous sollicitent de manière insistante et vont même jusqu'à nous bombarder de projectiles avec tout ce qu’ils trouvent par terre. Sales gosses ! Ils doivent être lassés de voir quotidiennement tout ce flux de touristes.
En quittant l’hôtel, le gérant nous recommande fortement de nous rendre à Bharatpur, nous prenons un bus sans nom, délabré jusqu’à la moelle, un truc digne des années 30 qui nous mène au premier village. Nous avalons un déjeuner rapide puis partons explorer les lieux. Nous déambulons dans les petites rues du village. Sur sa petite charrette, un indien vend des trucs à manger mais il y tellement de mouches dessus qu’on ne peut rien voir!


On se fait immédiatement accosté par 2 gamins qui veulent absolument jouer les guides et nous déballent tout ce qu’ils savent en français ou espagnol. On n’arrivera pas à s’en débarrasser, ils nous collent aux talons et insistent pour que nous achetions des petites figurines en terre cuite. Après un don de quelques Rps, ils se décident enfin à nous laisser tranquille en haut de la gigantesque mosquée qui surplombe Fatepur Sikri. Je crois que le spectacle le plus fascinant aura été de voir un gamin encouragé par tous ses copains, plonger dans un bouillon de culture, similaire à ce qu’on peut voir dans les dessins animés avec les grosses bulles au milieu de la vase de 5 cm. J’ai filmé la scène tellement j’étais choquée, leur système immunitaire doit être infaillible.






On monte dans le bus tout aussi pourri que le précédent et quasiment vide, direction Bharatpur et là commence un vrai moment d’hystérie. 3 mecs sont montés dans le bus et ne peuvent s’empêcher de me mater sans baisser le regard une seule fois, j’ai beau les fixer, mais c’est inefficace. Apres un bon moment, plus que lassée, je monte le ton et les insultes vont crescendo mais ça ne fait qu’amplifier leurs rires et attiser mes nerfs. Choc culturel, visiblement, les marques de respect sont différentes. Le trajet est assez éprouvant, la chaleur est intenable dans le bus qui est bondé, la route toujours aussi défoncée et en plus on nous fait payé une place de plus à cause de notre sac à dos, quelles pompes à fric ces gens!
A la descente du bus, on se retrouve dans un village digne du far West du 19eme siècle, les gens ne cessent de nous dévisager. On n’est pas inspirés par les lieux et on décide repartir sur le champ. Je crois que ma crise de nerfs était probablement un signe, on aurait du retourner à Agra directement. Au guichet de bus, on ne cesse de nous doubler, on doit se démener en jouant des coudes mais les indiens ne respectent même pas les règles minimums dans les files d’attente. Putain mais d’où il sort ce terme de file indienne ?! Je pique encore une crise qui frise l’hystérie, j’insulte tous azimuts en jurant de ne plus jamais remettre les pieds dans ce pays. Rémi est assez médusé et essaie de calmer le jeu. Le bus pour notre retour vers Agra s’apparente à une véritable bétaillère, nous sommes entassés comme des poulets à l’arrière. Certains ne peuvent même pas s’asseoir normalement, en position précaire entre nos jambes et la tête coincée sous la bâche, ou debout sur le pare-chocs arrière. 1 heure comme ça sur une piste passablement défoncée, dans une atmosphère irrespirable frisant les 45°C, je dégouline de tous mes pores. A la limite du tenable et proche de la syncope, nous quittons enfin l’enfer de cette bétaillère avant de poser le pied par terre et d’être pris d’assaut par une ode de chauffeurs de Rickshaws qui s’abat sur nous. J’atteints mes limites, ce pays est décidemment épuisant! Je ne supporte plus les gens, ils me donnent la nausée, on a vraiment le sentiment de n’être que des billets de banque ambulants à leur yeux, c’est décevant. Il faut pourtant rejoindre New Dehli ce soir et encore une fois un conducteur de rickshaw essaie de nous embobiner en nous incitant à prendre le bus plutôt que le train, les ordinateurs pour imprimer les billets étant hors service le dimanche, pas crédible. Il nous emmène dans une agence de voyage pour acheter les billets de bus, il se prend sa com’ au passage et ne respecte pas le deal et nous rackette encore pour la course vers le bus. Le bougre s’énerve quand nous descendons sans payer et je lui fais comprendre qu’il faut qu’il arrête ses pratiques malhonnêtes, il lâche l’affaire en vociférant. Visiblement il n’a jamais eu affaire à une femme qui osait monter le ton. C’est dingue qu’il faille sans arrêt se battre pour rendre justice.
A certains moments et pour la première fois, j’envie presque les adeptes de voyages organisés qui se laissent flotter au gré des visites guidées et retournent dans leur hôtel bien douillé le soir.
On grimpe dans le bus très kitch pour Dehli, j’ai besoin de me décharger de tout le stress accumulé en lâchant quelques larmes en écoutant mes mp3, ce n’est pas la première fois…
Le trajet parait interminable, le chauffeur prend la liberté de s’arrêter toutes les 30 min, souvent pour se taper la discute avec des gens au bord de la route et pour que des passagers fassent quelques emplettes ou même dans un restau de bord de route pour diner. C’est quoi ce service ? Un couple du Bengladesh se joint à nos complaintes et nous explique que eux aussi ont du payer le tarif touriste alors que leur pays est loin d’être des plus développés. Le bus n’est décidemment pas la bonne option !
Vers minuit, nous arrivons enfin à Dehli, l’essaim de racketeurs est toujours fidèle au poste à notre descente et épuisés nous optons pour un gamin qui ne doit avoir environ 12 ans, de nuit et vu notre état de fatigue c’est difficile à dire. Il ne s’empêche pas pour tripler le prix de la course, une embrouille de plus. Un autre chauffeur à l’air plus honnête nous harponne et nous emmène dans un hôtel qu’il connait. Quelques rues immondes et défoncées plus tard, on s’effondre sur nos lits dont la literie est dégueulace mais épuisés, on est peu regardants.
Ce matin je souffre d’un mal de gorge, l’odeur de rance est très forte. Je vais prendre une douche avant de me rendre compte qu’il n’y a pas d’eau. Encore une journée qui débute sous les meilleurs hospices. On rassemble nos affaires fissa et quittons cet hôtel miteux. Une fois de plus, c’est à coup de joutes verbales que nous obtiendrons le remboursement des nuits préalablement payées. Ces escrocs restent médusés face à mon attitude, eux aussi n’ont pas l’habitude de voir une femme hausser le ton.
Nous partons alors à la recherche d’un autre hôtel plus salubre. Les rues que nous traversons sont dans un état indescriptible, on slalome autour des monticules d’immondices, des rats qui se baladent partout, des gamins au visage sale, les mouches qui nous encerclent et de la poussière encore et toujours, une véritable décharge à ciel ouvert. Le tout fermente sous un mercure dépassant les 40°C. Malgré la chaleur, les chaussures fermées sont fortement recommandées. Dégoutés, on franchit la porte d’un hôtel plutôt confortable et après quelques minutes de marchandage, on négocie une belle chambre avec A/C pour 1600 Rps, une super affaire selon le proprio francophile. Nous déposons nos affaires et partons déjeuner sur Caunnough Place, un grand rond point où se regroupent plusieurs boutiques et restaurants (chics pour la plupart). On s’octroie un bon repas dans un restau de choix mais Rémi n’est visiblement pas dans son assiette. Je contacte un CSurfer qui s’est proposé de jouer les guides, et cerise sur le gâteau la visite se fera en voiture. Gurdeep n’est pas très bavard et ne semble pas comprendre notre anglais, nous ne me comprenons pas non plus, bref un véritable discours de sourds. Nous visitons l’ersatz des Champs Elysées, la porte de l’Inde érigée en hommage aux 85.000 soldats indiens tombés au combat dans les armées anglaises.




Petite pause dans un café à l’ambassade d’Italie dont notre guide est membre. A l’entrée, la voiture est passée au peigne fin, nos passeports analysés, les vigiles ne rigolent pas. Je déguste un thé vert au jasmin, ce café est très sympa même si l’atmosphère est européenne, en plus il y a du wifi!! Nous partons à la gare acheter nos billets de train pour demain vers Amritsar toujours escortés de notre guide. L’avantage c’est que sa présence nous fera gagner une bonne heure d’attente, il se charge de réserver les billets pour nous et trouve des places alors que le train est bondé J. Rémi étant toujours flagada, nous rentrons à l’hôtel et nous endormons âpres avoir maté le film de Polanski Rosemary’s baby.
Je n’ai pas bien dormi, c’est peut être le film creepy de la veille, on glandouille dans la chambre jusqu’au check out à midi. Rémi semble aller un peu mieux. Au moment de quitter l’hôtel, un des employés nous demande de payer pour une nuit supplémentaire car nous avions fait le check in à 10h20 la veille, alors que l’heure du check in n’est nullement spécifiée. Décidemment, il faut mener un combat quotidien dans ce pays pour ne pas se faire dépouiller. Je demande à parler à son supérieur qui remballe l’employé et s’excuse tout en insistant que je lui donne mon facebook, numéro de tel, etc… Puis quoi encore ?!
On quitte les lieux et après 10’ de rickshaw chargés de nos sacs et littéralement affamés, nous essayons le Mc Do indien. Comme tout lieu issu de corporation occidentale, on nous ouvre la porte et nous souhaite la bienvenue. Ces marques d’attention pour un fast-food, ne cessera de m’étonner, le paradoxe à l’état pur. Je dois avouer que les burgers végétariens sont plutôt bons et le pain est beaucoup moins épais. Rassasiés, nous partons vers le temple du lotus, une sorte de copie du théâtre de Sydney. C’est un temple Bahaï qui représente un groupe islamique fondé en Iran. Je ne suis pas fan de l’architecture. Pour la Nième fois, les gens se figent comme des statues en me voyant, ils me déshabillent du regard sous toutes les coutures, les regards insistants pèsent de plus en plus sur mes nerfs, je rentre dans leur jeu et les mitraillent à mon tour, surtout ne pas détourner le regard, déstabilisés, ils capitulent, je savoure ma petite victoire. Même une gamine ne peut s’empêcher de déloger son regard sur moi sur toute l’allée menant à l’entrée du temple. J’ai vraiment l’impression d’être une bête de cirque. Hommes et femmes s’alignent dans 2 files séparées et après s’être déchaussés, on pénètre enfin dans l’enceinte du temple. Rien de transcendant à l’intérieur, l’ambiance est équivalent celle d’une église chrétienne et les sermons sont en Hindi.
 





Petite pause dans le parc du temple avant de se rendre à la gare pour prendre notre train vers Amritsar. Le lieu est très touristique et je dois dire que c’est vraiment tordant et pathétique à la fois d’observer le comportement des indiens, le summum étant le passage de 3 filles blondes qui se font littéralement mitraillées du regard par 2 indiens. Ils se croisent puis les 2 indiens se retournent une fois de plus pour se rincer l’œil une dernière fois. Et rebelote ils en remettent une couche lors du passage d’une autre occidentale. C’est pathétique. D’après les explications que j’ai pu recueillir, la raison de ce reluquage intempestif se situe dans le fait qu’aux yeux des indiens, les occidentaux sont très exotiques et très beaux. D’autre part, l’image de la fille occidentale correspond aussi à l’icône typique des films pornos, ce qui n’arrange pas notre réputation.
A notre sortie du parc, comme d’hab les rickshaws se jettent sur nous avec les mêmes questions : « Rickshaw my friend », « which country ?», « are you married ? »… Apres s’être une fois de plus bagarré pour trouver un rickshaw qui accepte d’enclencher son compteur métrique, on entame une course de 30 minutes à zigzaguer entre les chiens, les vaches, les gens, dans un cocktail de pollution, poussière et concert de décibels de klaxons   pour rejoindre la gare. L’Inde, vrai kaléidoscope d’images et d’impacts sensoriels. En attendant notre train, un indien tient le crachoir à Rémi et il a du mal à s’en débarrasser. 19h : nous prenons place dans le wagon couchette, 2 mecs imperturbables ne cessent de nous mater jusqu’à ce que nous décidions de rejoindre nos banquettes et nous coucher. Les arrêts de train s’enchainent et les relans d’odeur de pisse, excréments et autres déjections, c’est tellement infect que ça me sort de mon sommeil. Tous nos sens sont sollicités, aux odeurs se mêle le spectacle visuel, nous assistons malgré nous à un défilé de culs dénudés qui délestent leur intestin sur le bord de la voie ferrée. Voyager à bord des trains indiens, ça forge le caractère.
6h30, nous débarquons à Amritsar, la ville frontière avec le Pakistan. Rémi n’est vraiment pas en forme, il s’est vidé toute la nuit, il n’échappe pas une tourista. Difficile pour l’organisme de gérer ses énergies de la même façon surtout lorsqu’il fait 40°C avec un degré d’humidité de 80%. On attend jusqu’à 7h avant de contacter notre hôte CSurfer Jolly, un peu embarrassés de le déranger si tôt, on le prend un peu de court mais il accepte de nous accueillir maintenant. En raccrochant le téléphone public de la gare, le gars essaie de me faire payer le double de la communication, en vain, je ne me laisse plus plumer.
En sortant de la gare, c’est une ode de rickshaws qui s’agglutinent autour de nous et vocifèrent à coups de « hello where you go ? », « cheap, cheap », si tôt le matin alors qu’on a très mal dormi dans les conditions précaires du train, nos nerfs sont mis à rude épreuve. Petit à petit, on a pourtant appris à rembarrer poliment ou ignorer efficacement tous ces mendiants adhésifs. Rémi se retient tant que mal de gerber, malgré les soubresauts de la route menant à notre hôte qui habité près de l’aéroport.  Le rickshaw nous dépose devant une résidence privée surveillée et nous demande 150 Rps, je lui en donne 90 et il commence à s’emporter, me demandant même d’appeler Jolly qui me conseille de lui en donner 100. Je crois avoir enfin trouvé un moyen de jauger le degré d’arnaque, le baromètre du tarif juste sera proportionnel au degré d’énervement du conducteur. Je commence à me prendre au jeu ;-) On s’approche de la maison qui de l’extérieur nous semble déjà assez cossue, nous sommes accueillis par Jolly en pyjama qui porte un turban sur la tête ainsi qu’un autre autour du visage, comme un œuf de Pâques. Je pense naïvement qu’il a surement une rage de dent avant de comprendre plus tard que c’est une sorte de conditionneur pour maintenir sa longue barbe dans une esthétique harmonieuse. L’intérieur est magnifique, tout est fait de marbre blanc, y compris les escaliers et sur 2 étages. Visiblement on a atterri chez une famille de Sicks très aisée. J’explique à Jolly que Rémi est malade et il nous invite à nous reposer dans la chambre d’amis. Quel bonheur de découvrir un lit en 160 (avec la tête de lit) et une salle de bain privée (équipée de WC occidentaux), on est au paradis ! On a beaucoup de mal à se comprendre en anglais. Les quelques bouchées que Rémi avale ne resteront pas longtemps dans son estomac. Nos hôtes partent diner chez des amis et nous remontons dans notre chambre. Leurs enfants, une fille de 13 ans et un fils de 10 ans dont les cheveux n’ont jamais été coupés par tradition fait un boucan du diable en tapant sur des bols en inox avec des cuillères, la TV est allumée à plein volume alors que le grand père essaie de dormir. La notion de respect n’est pas de rigueur. Le typique enfant roi !




L’état de santé de Rémi ne s’améliore pas, au contraire, il divague et me dit souffrir de sortes de dépressions dans l’oreille droite. On décide de quitter les lieux et rentrer chez nos hôtes. A la sortie du temple, on récupère nos chaussures et je rigole un bon moment lorsque en me servant du tissus orange pour essuyer la boue séchée de mes pieds, une indienne m’interrompt violemment en criant « don’t do that! This is sacred » Euh…ok. Elle a du me prendre pour une occidentale arrogante, pouvais pas savoir. On ne fait pas 500m avant que Rémi ne régurgite son repas, tout en se contorsionnant pour soit disant dépressuriser ses tympans, c’est très étrange. L’avantage c’est qu’on ne se fait pas harceler dans la rue. Je me bagarre encore pour payer une course en rickshaw au tarif local, à force je prends la main et sa porte ses fruits. Rémi dormira tout l’après-midi et de mon côté j’en profite pour écrire un peu et répondre aux emails, il y a du wifi ici :) . Je commence un peu à flipper en regardant les news sur le net, apparemment il y a une recrudescence d’encéphalites japonaises dans la région d’Amritsar. Niveau piqures de moustiques, on a été gâtés.. Nous descendons diner en entamant un bout de conversation avec Jolly qui reste orientée vers la bouffe et visiblement
Après quelques heures de sommeil salvateur, enfin perturbé par un petit incident, un vieil homme, le grand-père, s’est avancé dans la chambre et en me levant pour le saluer, il a tenté de m’embrasser sur la bouche, ça commence bien, mais c’est quoi leur problème à ces mâles indiens ? Nous descendons faire connaissance avec nos hôtes. On prend place sur les sofas, c’est tellement rare en Inde et aussitôt Jolly claque des mains et ordonne à sa femme de nous préparer quelque chose à manger. Situation très embarrassante, j’ai beau dire que nous n’avions pas faim mais en vain. Les conversations sont assez limitées, les réponses à mes questions restent brèves, dur d’alimenter les discussions. Après un très bon repas fait de thé Chai, chappattis et légumes pas trop épicés, Jolly nous dépose en ville dans sa grosse berline, direction le Golden Temple. Il y a déjà une longue file d’attente devant le temple souhaitant faire l’offrande au dieu Krishna d’autant plus qu’aujourd’hui on célèbre son anniversaire. On doit se déchausser et je suis obligée de couvrir mes cheveux d’un tissu orange que je noue en mode guerrier. A l’intérieur, on se joint à la marche très lente autour du bassin, on se fait reluquer comme d’hab et me prend la tête avec des mecs qui prennent encore des photos à mon insu.

Le lendemain, Rémi va beaucoup mieux, ses cataclysmes intestinaux semblent appartenir au passé, pourvu que ça dure. En revanche, c’est moi qui écope d’un rhume carabiné, je n’ai quasiment pas fermé l’œil de la nuit. Un monticule de mouchoirs s’est accumulé sur le lit. De toute façon, aujourd’hui, on a décidé de se faire une journée glandouille pour recharger les batteries. On est un peu embarrassés de rester isolés sans vraiment interagir avec nos hôtes. En plus la femme de Jolly est au petits oignons avec nous, toutes les 4h, nous dégustons de délicieux mets indiens, on enchaine thé chai et chappattis. On est servis comme des rois. Plus tard, dans la soirée, on l’accompagne faire des courses avec les enfants. C’est la première fois que l’on voit une femme indienne conduire, l’ambiance est au top dans la voiture. Les enfants sont vraiment marrants, surtout le garçon, il nous a même fait une démo de danse digne des films bollywoodiens. Nous continuons de marcher un peu de nuit dans la ville en compagnie de notre petite famille. Au hasard des rues, nous tombons sur des cérémonies hindouistes : milliers d'offrandes aux multiples couleurs, sons de cloches répétitifs et interminables. On se prend au jeu, honorons les divinités avec des offrandes et je repars le front arborant la tikka (point rouge au niveau du 3ème œil).
On rentre à la « maison » avec un stock de tablettes de chocolat pour palier au manque de magnésium et…parce que ça nous manquait trop !
Jolly et ses amis sont déjà bien entamé l’apéro, on nous tend des verres de whisky, l’alcool étant le meilleur remède pour nous remettre d’aplomb selon le patriarche de la maison, on est loin des concepts de la philosophie hindouiste. Il me force la main pour un second round, le bougre! Selon ses dires, c’est un verre d’alcool pour l’ennemi et 2 verres pour l’ami, pff, faudra trouver autre chose. J’ai décidément peu d’affinités avec ce type, la veille il m’a posé pas mal de questions du genre « est ce que c’est vrai qu’on peut voir des femmes nus sur la plage en France ? », il voulait aussi savoir si je vivais seule, si j’avais un copain et s’il pouvait venir passer quelques jours chez moi. Il prévoit de partir voyager en Europe tout seul, sans sa famille.
Jolly étant parti vider quelques bouteilles avec ses amis, son fils monte dans notre chambre et me demande de bien vouloir ouvrir la porte à son père lorsqu’il rentrera, si je suis toujours éveillée. C’est quoi ce plan foireux, comme s’il n’avait pas les moyens de faire un double des clés. Tard dans la nuit, la bête est de retour, après avoir abusé de la sonnette et tambouriné à la porte, quelqu’un daigne aller lui ouvrir. Quelques minutes plus tard, j’aperçois dans la pénombre du couloir éclairé pas la plaine lune, la silhouette de Jolly s’approchait de notre lit. Je me redresse et pousse un cri. Effrayé il tourne les talons. Quel pervers!   
Ce mec me débecte, il a la 40aine et un bide très proéminant, d’ailleurs en Inde on peut évaluer la classe sociale d’une personne selon le volume de sa bedaine, c’est une valeur sure.