Bon allez, après avoir pas mal tergiversé et avoir été très influencée (elle se reconnaitra), je me décide enfin à entamer un blog .Je préviens tout de suite que ce blog ne sera pas très consistent mais plutôt un condensé de posts à l’emporte-pièce pour retranscrire de manière organisée et illustrée les notes griffonnées sur mon carnet de route. Ainsi, à travers mes pérégrinations, j'espère procurer une bouffée d'air frais et vous donner envie de larguer les amarres.

Pourquoi ce TDM ?

-Parce que lors d’un voyage en Argentine, j’ai eu la chance de rencontrer un tas de gens intéressants "tourmondistes" qui m’ont donné l’envie irrésistible de m’y essayer (il se reconnaitra).

-Parce que je vis ma vie à l'envers, ou plutôt je vis ma liberté, en toute objectivité. Puis la retraite je n'en verrais pas la couleur alors autant la savourer tant que je suis jeune, dotée d' une énergie et d'une curiosité débordantes.

"Vivre ses rêves plutôt que de rêver sa vie", tel est mon crédo.

-Parce que le voyage est aussi intérieur, il apporte des indices à cette quête éternelle du soi et dévoile souvent de nombreuses révélations.


Allez, hop, on charge la carapace, la maison pour les mois à venir, on n'oublie pas le sésame pour franchir les frontières, les yeux tendus vers l'horizon, c'est parti!

lundi 27 septembre 2010

4éme semaine : la fin du calvaire approche


Je suis HS ce matin, je suis toujours  enrhumée, il faisait au moins 35°C dans la chambre la nuit dernière, impossible de trouver le sommeil après l’incident de la veille du coup, j’ai passé 2h sur le net à glaner des infos et témoignages sur la culture indienne. Je crois que je suis lassée, épuisée, usée par l’Inde. Douce France, comme tu me manques ! Ça fait déjà quelques jours que je ne cesse de rêver de carlingues d’Air France.
On a décidément du mal à nouer des liens avec nos hôtes comme nous avions pu le faire lors de nos précédentes expériences de Couchsurfing. On ne peut pas dire qu’ils ne sont pas sympas mais il n’y a pas d’atomes crochus.
Nous partons en ville et faisons une longue pause café dans un « Coffee Day », on en profite pour écrie, papoter, casser du sucre sur le dos des indiens. Et surtout on apprécie pleinement ce qu’on prend d’habitude pour acquis, d’être en bonne santé, de se sentir bien, de n’avoir mal nulle part. Deux allemandes attablées en face de nous, sont elles aussi plongées dans la rédaction de leur carnet de bord. On négocie un taxi collectif, sorte de Van Volkswagen qui met des plombes à décoller pour se rendre à la frontière pakistanaise : wagha border située à 30km. Commence ici une course infernale, notre chauffeur est un fou, le van se faufile comme un serpent de la rue, je flippe et préfère fermer les yeux pour diminuer mon angoisse, et puis j’évite ainsi à mes yeux d’être de vrais réceptacles à poussière. Le confort est très sommaire, Rémi et moi partageons un siège pour 2 à l’avant et nos culs sont en train de frire sous les dégagements de chaleur générés par le moteur situé sous nos fesses. Arrivés à la frontière en un seul morceau, thanks God ! Les files d’attente étant toujours séparées, j’accède à la porte frontalière avec le Pakistan beaucoup plus vite que Rémi, il y a peu de visiteurs de sexe féminin. 
A l’intérieur de l’enceinte, chacun prend place sur les gradins toujours séparés selon le genre sexuel, on attend plus de 30 min sous un soleil cuisant avant que le show commence. Attention, c’est un vrai show à l’américaine, des militaires mesurant pas loin de 2m engoncés dans leurs costumes exubérants encouragent le public en vociférant dans leur micro. J’ai rarement vu des indiens aussi grands. A ma grande surprise, il y a aussi des militaires de sexe féminin. Les femmes qui m’entourent mettent à profit leurs cordes vocales, les décibels s’affolent. 1ère étape de la cérémonie : les femmes se mettent en rang par 2 et une fois le drapeau entre leurs mains, leur mission consiste à courir une distance de 100m et le transmettre à un autre binôme. C’est plutôt marrant mais c’est encore plus drôle lorsque des femmes s’adonnent à toute une série de danses bollywoodiennes, je reconnais la musique de la BO de Slumdog Millionaire. La cérémonie prend des allures plus solennelles lorsque les militaires se livrent à une chorégraphie de marche militaire, on assiste alors à une série d’ouvertures et fermetures de la porte séparant l’Inde du Pakistan. Du côté pakistanais, la symétrie est parfaite, même concept, hommes et femmes séparés sur les gradins. Les militaires des 2 pays se saluent sans fioriture. 







Nous quittons les lieux et c’est toute une foule se dirigeant vers la sortie que nous devons affronter sous une chaleur toujours aussi écrasante. Je retrouve enfin Rémi dans toute cette cohue et nous partons rejoindre le van qui nous attend pour rentrer à Amritsar. On ressort un peu déçus, ça doit vraiment être plus intéressant pour les locaux. Le trajet de nuit cette fois est au diapason du précédent, en plus notre kamikaze de chauffeur ne comprend pas où l’on veut descendre du coup on le guidera. On doit encre marchander la course en Rickshaw pour rentrer chez notre famille d’accueil. C'est toujours une partie de joutes verbales. Si les Occidentaux se mettent à payer le double pour n'importe quoi, ils se font une mauvaise réputation. Ça nous fait passer pour beaucoup plus riches que nous sommes. Sur la route on a croisé une voiture gisant dans un fossé, un vrai spectacle pour les gens qui s’agglutinent en masse. Nous retrouvons notre petite famille elle aussi agglutiné devant le petit écran, visiblement fascinés par l’émission « India got talent ».
Je pars rejoindre la femme de Jolly dans la cuisine pour l’aider à préparer des chappattis, j’apprends alors qu’elle est plus jeune que moi et qu’elle a eu son premier enfant à 13 ans, je suis déconcertée. Affamés nous savourons notre repas, un pur délice. Ces quelques jours chez l’habitant m’ont réconciliée avec la nourriture locale. 
L’appel du lit est trop fort, c’est notre dernière nuit de grand confort, on s’habitue vite. Demain, nous bouclons la boucle, retour vers Mumbai.

Le lendemain, Jolly nous dépose à l’aéroport où s’ensuit une série de contrôles, ils sont très suspicieux, on a du montrer notre passeport et nos billets au moins 3 fois avant d’accéder au check in. Pour la première fois depuis notre arrivée en Inde j’ai froid, j’avais oublié la sensation de la clim. 
1h plus tard nous arrivons à Dehli pour une escale qui s’avère plus longue que prévu, notre vol pour Mumbai ayant été annulé. Je suis quand même épatée de voir une marque d’organisation à l’aéroport, ils ont pris soin de mettre des chariots devant les tapis, wow !
On tue le temps dans la « food court » de l’aéroport, en bons occidentaux, on opte pour des cornets de frites et une pizza végétarienne. Une bonne dose de rappel du western world ne peut pas faire de mal ;)
Une fois arrivés à Mumbai, nous partons rejoindre un Couchsurfer, Meet qui va nous héberger pendant les derniers jours de notre séjour. Le chauffeur de taxi ne connait apparemment pas le quartier de Versova, il s’arrête au moins 5 fois pour demander son chemin aux gens dans la rue, typiquement indien. Il osera même me dire que Meet nous a donné une adresse erronée. Tiens ce n’est pas la première fois qu’on nous sort cette excuse histoire de se déculpabiliser. Après 1h30 d’errance, on rejoint enfin Meet en compagnie d’une autre CSurfeuse chinoise à qui on relègue notre taxi. Il nous apprend qu’elle a décidé de bouger car elle s’ennuyait chez lui mais regrettait sa décision en apprenant que nous arrivions. Ca promet…
On fait connaissance avec Meet qui est super sympa, même si on a du mal à le comprendre parfois, il partage un appartement avec des amis férus de Koppoeira, sans oublier 3 petits chatons errants et leur mère qui ont élus domicile chez lui. Ils sont trop mignons mais n’ont que la peau sur les  os. Il nous laisse nous reposer sur les matelas au sol pour se rendre à sa séance de fitness, il veut absolument perdre ses kilos en trop. 



A 23h, notre hôte est de retour, on avale quelques chappattis et des patates au curry et petits légumes puis partons rejoindre ses amis qui nous conduisent vers la promenade le long de la plage. J’en profite pour discuter et pousser l’indiscrétion sur les mœurs indiennes et la notion de relation notamment le mariage arrangé.
1h30, on s’affale sur nos matelas imprégnés d’une odeur de rance à laquelle on ne s’habitue toujours pas.

Le lendemain, Meet part bosser très tôt. Nous déjeunons avec ses amis qui ont préparé un délicieux repas et dans une ambiance bon enfant. Je crois que se qui me manquera sera l’usage de ma main droite (sacrée) pour apporter les aliments à ma bouche. Finalement, j’ai pris conscience que les plats n’ont pas la même saveur lorsqu’on enfourche la nourriture, le contact dermique exalte les saveurs. Bhavna s’est aussi jointe à nous, elle est actrice à Mumbai mais fait beaucoup de déplacement notamment aux US et au Canada. C’est la première personne indienne rencontrée que l’on comprend aussi bien. Elle nous parle pendant un long moment de ses déceptions amoureuses et de la pression de ses parents pour la pousser à se marier. Elle  est très sympa, ouverte, émancipée, très loin de l’indienne « ordinaire ». C’est du aux contacts fréquents de la vie occidentale lors de ses déplacements pro à l’étranger. 



On passe un super moment à déguster du thé Chai et des biscuits « p’tit cœur » (oui ! les mêmes qu’en France), papoter, regarder un film.. Meet me fait bien rire en me demandant le mode d’emploi détaillé du French kiss, j’ai changé de sujet avant qu’il n’exige une démo.  

Nous rentrons, Meet semble énervé après ses amis, ils se disputent en Hindi du coup il nous emmène diner dehors, direction « Banana Leaf ». Je commande un plat de riz avec légumes en sauce en précisant bien en Hindi que je ne veux pas d’épices : No mesala ! Je crois que la prochaine fois je demanderais un plat épicé pour que ma requête soit enfin comprise. Du coup je n’ai quasiment pas touché à mes légumes, une seule bouchée m’avait littéralement enflammé le gosier. Je me contente d’un plat de riz nature. Il est déjà 23h, Meet commence à 6h30 demain, on repart chez lui. La capoeira bat toujours son plein à notre retour à l’appart. Je discute un bon moment avec un des amis qui a passé 5 ans en Espagne et 10 ans aux US, c’est toujours très intéressant d’avoir les retours de ce genre d’expériences lorsqu’il s’agit de cultures aussi contrastées.

De retour, Meet nous motivera finalement pour aller faire un tour au « Mall infinity », sorte de grand centre commercial où nous nous ravitaillons en tablettes de chocolat. On avale une assiette de riz fris puis partons rejoindre Bahvna chez elle pour la pause thé. La course en rickshaw est une fois de plus un calvaire, on traverse un bidonville en enchainant des crevasses pleines de boue, ah le chaos de Mumbai, ça ne m’avait pas manqué. L’appart de Bhavna est très propre et cerise sur le gâteau, il y a du PQ dans les toilettes!! J’imagine que c’est la première fois qu’on voit ça chez des particuliers.

Pas très motivés pour affronter la jungle de Mumbai, nous passons l’apres-midi à buller dans notre nouveau cocon avec nos nouveaux amis en les filmant en train de danser la Capoeira, ils nous apprennent quelques figures, mais la souplesse indienne est un avantage indéniable.
On mate quelques minutes de « you think you can dance » à la sauce curry tout en papotant, un des colocs qui est Sikh nous explique qu’il respecte la tradition et ne s’est donc jamais coupé les cheveux, il en 24 aujourd’hui. Il les attache en chignon juste au dessus du front, c’est particulier. En fait, l’histoire anecdotique c’est que lorsque le Pakistan faisait partie des Indes, les musulmans voulaient convertir les Sikhs à l’Islam et ont menacé de les ébouillanter dans de l’huile si ces derniers refusaient de couper leurs cheveux. Ils n’ont pas cédé. Depuis, en hommage à leurs ancêtres victimes, les Sikhs déclinent le coup de ciseaux.

Dernière journée à Mumbai. 6h30 nous faisons un dernier au-revoir à Meet, il est triste et nous aussi, il a été super avec nous. On passe la  journée dans l’appart avec les colocs, on écrit, trie les photos, buvons du thé Chai, dégustons le délicieux déjeuner qu’on nous a préparé. On est aux anges. Ceci dit, je ne suis pas tentée par le lait de buffle.
Le soir, nous remercions et quittons nos hôtes, une fois de plus leur hospitalité et générosité sans limite nous a touché. Notre séjour en Inde s’achève sur une note très positive, dire qu’il y a quelques jours, la rancœur me rongeait et je prévoyais déjà d’arroser notre départ définitif de l’Inde avec du champagne. Les dernières 48h dans notre petit cocon a été un vrai baume pour le cœur. Y reviendrais-je un jour ? je ne pense pas, mais qui sait avec le recul, la question reste en suspend..
Il est temps de tourner une nouvelle page, direction la Thaïlande que j’ai hâte de découvrir.

Le bilan après un mois en Inde :
4 semaines en Inde, c’était peut être trop ambitieux. Je n’ai pas su m’adapter, garder mon sang froid au quotidien et tout simplement apprivoiser ce pays. Les indiens sont déroutants : un sourire, une arnaque, une incompréhension, un fou rire, un pétage de plomb, l’Inde et ses paradoxes. Elle nous aimante et nous rejette. Visiter l’Inde c’est une sorte de danse continuelle avec les émotions, il faut trouver sa place, si on s’approche trop près du soleil, on se brule les yeux, si on s’en éloigne trop, les couleurs deviennent fades et insipides.
J’imagine que ces contraintes font partie du voyage lorsqu’on veut qu’il se déroule dans des conditions rudimentaires, à la roots, nous mettant le plus en contact avec la population locale. Malgré tout, on conserve l’étiquette de l’occident backpacker empruntant bus locaux et trains pour les longues distances (en évitant la 1ère classe quand même).
L’Inde rendrait-elle fou ? Une chose est sure, l’Inde nous apprend beaucoup sur nous-mêmes et transforme en profondeur notre vision du monde. Le choc culturel qui donne le vertige à l’occidental.. On perd ses repères en Inde, on ne sait pas comment l’appréhender, on s’interroge même sur la manière d’imposer ses propres valeurs. L’occidental vacille sur le socle de ses certitudes.
Parfois, les nerfs à vif, je m'en voulais de traiter les Indiens avec un mépris digne du colonialisme victorien. Je remercie mon mp3 d'avoir été un vrai sédatif pour tous mes moments d'hystérie.
Je crois que ce qui aura été le plus difficile pour moi outre les sollicitations incessantes, la chaleur suffocante, la pollution, la misère, les odeurs infectes et le vacarme sans limite, restera le regard des Indiens sur moi. Ici on n’est pas seulement regardé, on est scrutés, observés, littéralement déshabillés du regard. On a l’impression d’être à la fois adulé comme une star et prendre des allures d’extraterrestre ou bête curieuse.
Ici la route est le supplice qu'il faut endurer pour atteindre le prochain lieu de visite mais j'ai compris qu'il ne faut pas considérer le voyage comme un moyen d'aller d'un point à l'autre, il faut voir la route comme une manière d'être.
L'Inde m'aura aussi initiée au marchandage, une des meilleures écoles pour faire ses preuves. Finalement, ici le commerce n'est rien qu'un emballage plastique de supermarché autour de la riche histoire de l'Inde. Après tout, ce pays a été envahi tant de fois, mais il a toujours su préserver sa culture. Le capitalisme est le dernier envahisseur en date et quand cet ennemi aura été vaincu comme les précédents, on retrouvera le même peuple mystique autochtone. Le côté mystique était ce que je m'attendais à toucher du doigt ici mais en vain... Peut être que le capitalisme ne disparaitra pas comme les autres envahisseurs. L'Inde a peut être déjà perdu la guerre, c'est son côté mystique qui est en train de mourir.

Alors je sais qu'à l'écriture de ces dernières semaines je n'ai pas été tendre dans mes propos mais à ma décharge, j'ai vraiment tenu à être sincère sur ce que j'éprouvais au contact des différentes facettes de l'Inde même si je n'y suis pas aller avec le dos de la cuillère. Je crois que l'axiome qui dit que l'Inde on l'adore ou on la déteste est assez juste. Difficile de maintenir un barycentre ici à moins peut être de s'isoler dans un ashram. Je dois aussi avouer que sans la présence de Rémi et les CSurfers, j'aurais capitulé au bout de 3 jours.
On ne ressort pas indemne d’un voyage en Inde. Je me demande comment j'aurais vécu un retour direct en France si je n'avais pas eu l'opportunité de continuer le voyage vers d'autres lieux exotiques.
Est ce que je reviendrais en Inde? je ne pense pas ou du moins pas avant un long moment.
Namasté!

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