18h de train plus tard, nous arrivons enfin à Agra à 11h.
Malgré le confort primaire et l’atmosphère putride, la nuit s’est bien passée.
Nous
grimpons dans un rickshaw pour rallier l’hôtel que nous avions listé la veille,
comme d’habitude, le chauffeur tente de nous diriger vers l’hôtel de son
« cousin ». Je réussis à négocier une chambre avec la « clim
indienne ». Une sieste plus tard, le chauffeur de rickshaw nous récupère
pour aller visiter la ville : le fort rouge, le petit Taj Mahal, plusieurs
jardins. Le temps est couvert mais l’architecture coloniale est impressionnante.
On ne tarde pas à se coucher car demain le lever est prévu à
5h30 pour enfin admirer le lever de soleil sur le Taj Mahal.
La nuit a été courte, je n’ai pas réussi à trouver le sommeil.
Notre hôtel est à proximité de l’entrée sud du Taj Mahal et pour nous ravir, la
file d’attente est quasiment inexistante. Pour info, le prix du billet est de
30 Rps pour un autochtone alors qu’un touriste paie 20 fois ce prix (750 Rps
soit 10€). Le Taj Mahal nous a toujours fait rêver. Nous allons enfin le voir de
nos propres yeux !!!
Après une inspection corporelle, nous pénétrons enfin dans
l’enceinte du lieu mythique. Nous passons la gigantesque porte et découvrons à
travers une voute le splendide Taj Mahal. Il nous apparait tel un mirage. C’est
vraiment grandiose ! Pour la petite histoire, cet édifice a été imaginé par l’empereur
mongol Shâh Jahân en
mémoire à son épouse décédée alors qu’elle donnait naissance à leur 14ème
enfant. Imposant de par sa taille,
son fabuleux marbre blanc
et la finesse du travail
effectué tout autour et à l’intérieur du bâtiment, le Taj Mahal ne peut laisser
indifférent.
Il y a bien sûr beaucoup de touristes mais à ma grande
surprise, ce sont plus que majoritairement des indiens en vacances. L’ambiance
est conviviale. Les indiens sont très curieux de nous parler et de nous prendre
avec eux en photo comme à l’accoutumée.
Nous rentrons à l’hôtel via une petite rue jonchée
d’immondices et sommes pris d’assaut par des gamins qui nous sollicitent de
manière insistante et vont même jusqu'à nous bombarder de projectiles
avec tout ce qu’ils trouvent par terre. Sales gosses ! Ils doivent être
lassés de voir quotidiennement tout ce flux de touristes.
En quittant l’hôtel, le gérant nous recommande fortement de
nous rendre à Bharatpur, nous prenons un bus sans nom, délabré jusqu’à la
moelle, un truc digne des années 30 qui nous mène au premier village. Nous
avalons un déjeuner rapide puis partons explorer les lieux. Nous déambulons dans les petites rues du village. Sur sa
petite charrette, un indien vend des trucs à manger mais il y tellement de
mouches dessus qu’on ne peut rien voir!
On se fait immédiatement accosté par 2 gamins qui veulent
absolument jouer les guides et nous déballent tout ce qu’ils savent en français
ou espagnol. On n’arrivera pas à s’en débarrasser, ils nous collent aux talons
et insistent pour que nous achetions des petites figurines en terre cuite.
Après un don de quelques Rps, ils se décident enfin à nous laisser tranquille
en haut de la gigantesque mosquée qui surplombe Fatepur Sikri. Je crois que le
spectacle le plus fascinant aura été de voir un gamin encouragé par tous ses
copains, plonger dans un bouillon de culture, similaire à ce qu’on peut voir
dans les dessins animés avec les grosses bulles au milieu de la vase de 5 cm. J’ai
filmé la scène tellement j’étais choquée, leur système immunitaire doit être
infaillible.
On monte dans le bus tout aussi pourri que le précédent et
quasiment vide, direction Bharatpur et là commence un vrai moment d’hystérie. 3
mecs sont montés dans le bus et ne peuvent s’empêcher de me mater sans baisser
le regard une seule fois, j’ai beau les fixer, mais c’est inefficace. Apres un
bon moment, plus que lassée, je monte le ton et les insultes vont crescendo
mais ça ne fait qu’amplifier leurs rires et attiser mes nerfs. Choc culturel,
visiblement, les marques de respect sont différentes. Le trajet est assez
éprouvant, la chaleur est intenable dans le bus qui est bondé, la route
toujours aussi défoncée et en plus on nous fait payé une place de plus à cause
de notre sac à dos, quelles pompes à fric ces gens!
A la descente du bus, on se retrouve dans un village digne
du far West du 19eme siècle, les gens ne cessent de nous dévisager. On n’est
pas inspirés par les lieux et on décide repartir sur le champ. Je crois que ma
crise de nerfs était probablement un signe, on aurait du retourner à Agra
directement. Au guichet de bus, on ne cesse de nous doubler, on doit se démener
en jouant des coudes mais les indiens ne respectent même pas les règles
minimums dans les files d’attente. Putain mais d’où il sort ce terme de file
indienne ?! Je pique encore une crise qui frise l’hystérie, j’insulte tous
azimuts en jurant de ne plus jamais remettre les pieds dans ce pays. Rémi est
assez médusé et essaie de calmer le jeu. Le bus pour notre retour vers Agra
s’apparente à une véritable bétaillère, nous sommes entassés comme des poulets
à l’arrière. Certains ne peuvent même pas s’asseoir normalement, en position
précaire entre nos jambes et la tête coincée sous la bâche, ou debout sur le
pare-chocs arrière. 1 heure comme ça sur une piste passablement défoncée, dans
une atmosphère irrespirable frisant les 45°C, je dégouline de tous mes pores. A
la limite du tenable et proche de la syncope, nous quittons enfin l’enfer de
cette bétaillère avant de poser le pied par terre et d’être pris d’assaut par une
ode de chauffeurs de Rickshaws qui s’abat sur nous. J’atteints mes limites, ce
pays est décidemment épuisant! Je ne supporte plus les gens, ils me donnent la
nausée, on a vraiment le sentiment de n’être que des billets de banque
ambulants à leur yeux, c’est décevant. Il faut pourtant
rejoindre New Dehli ce soir et encore une fois un conducteur de rickshaw essaie
de nous embobiner en nous incitant à prendre le bus plutôt que le train, les
ordinateurs pour imprimer les billets étant hors service le dimanche, pas
crédible. Il nous emmène dans une agence de voyage pour acheter les billets de
bus, il se prend sa com’ au passage et ne respecte pas le deal et nous rackette
encore pour la course vers le bus. Le bougre s’énerve quand nous descendons
sans payer et je lui fais comprendre qu’il faut qu’il arrête ses pratiques malhonnêtes,
il lâche l’affaire en vociférant. Visiblement il n’a jamais eu affaire à une
femme qui osait monter le ton. C’est dingue qu’il faille sans arrêt se battre
pour rendre justice.
A certains moments et pour la première fois, j’envie presque
les adeptes de voyages organisés qui se laissent flotter au gré des visites
guidées et retournent dans leur hôtel bien douillé le soir.
On grimpe dans le bus très kitch pour Dehli, j’ai besoin de
me décharger de tout le stress accumulé en lâchant quelques larmes en écoutant
mes mp3, ce n’est pas la première fois…
Le trajet parait interminable, le chauffeur prend la liberté
de s’arrêter toutes les 30 min, souvent pour se taper la discute avec des gens
au bord de la route et pour que des passagers fassent quelques emplettes ou
même dans un restau de bord de route pour diner. C’est quoi ce service ? Un
couple du Bengladesh se joint à nos complaintes et nous explique que eux aussi
ont du payer le tarif touriste alors que leur pays est loin d’être des plus
développés. Le bus n’est décidemment pas la bonne option !
Vers minuit, nous arrivons enfin à Dehli, l’essaim de
racketeurs est toujours fidèle au poste à notre descente et épuisés nous optons
pour un gamin qui ne doit avoir environ 12 ans, de nuit et vu notre état de
fatigue c’est difficile à dire. Il ne s’empêche pas pour tripler le prix de la
course, une embrouille de plus. Un autre chauffeur à l’air plus honnête nous
harponne et nous emmène dans un hôtel qu’il connait. Quelques rues immondes et
défoncées plus tard, on s’effondre sur nos lits dont la literie est dégueulace
mais épuisés, on est peu regardants.
Ce matin je souffre d’un mal de gorge, l’odeur de rance est très
forte. Je vais prendre une douche avant de me rendre compte qu’il n’y a pas
d’eau. Encore une journée qui débute sous les meilleurs hospices. On rassemble
nos affaires fissa et quittons cet hôtel miteux. Une fois de plus, c’est à coup
de joutes verbales que nous obtiendrons le remboursement des nuits
préalablement payées. Ces escrocs restent médusés face à mon attitude, eux
aussi n’ont pas l’habitude de voir une femme hausser le ton.
Nous partons alors à la recherche d’un autre hôtel plus
salubre. Les rues que nous traversons sont dans un état indescriptible, on
slalome autour des monticules d’immondices, des rats qui se baladent partout,
des gamins au visage sale, les mouches qui nous encerclent et de la poussière
encore et toujours, une véritable décharge à ciel ouvert. Le tout fermente sous
un mercure dépassant les 40°C. Malgré la chaleur, les chaussures fermées sont
fortement recommandées. Dégoutés, on franchit la porte d’un hôtel plutôt
confortable et après quelques minutes de marchandage, on négocie une belle
chambre avec A/C pour 1600 Rps, une super affaire selon le proprio francophile.
Nous déposons nos affaires et partons déjeuner sur Caunnough Place, un grand
rond point où se regroupent plusieurs boutiques et restaurants (chics pour la
plupart). On s’octroie un bon repas dans un restau de choix mais Rémi n’est
visiblement pas dans son assiette. Je contacte un CSurfer qui s’est proposé de
jouer les guides, et cerise sur le gâteau la visite se fera en voiture. Gurdeep
n’est pas très bavard et ne semble pas comprendre notre anglais, nous ne me
comprenons pas non plus, bref un véritable discours de sourds. Nous visitons
l’ersatz des Champs Elysées, la porte de l’Inde érigée en hommage aux 85.000
soldats indiens tombés au combat dans les armées anglaises.
Petite pause dans un café à l’ambassade d’Italie dont notre
guide est membre. A l’entrée, la voiture est passée au peigne fin, nos
passeports analysés, les vigiles ne rigolent pas. Je déguste un thé vert au
jasmin, ce café est très sympa même si l’atmosphère est européenne, en plus il
y a du wifi!! Nous partons à la gare acheter nos billets de train pour demain
vers Amritsar toujours escortés de notre guide. L’avantage c’est que sa
présence nous fera gagner une bonne heure d’attente, il se charge de réserver
les billets pour nous et trouve des places alors que le train est bondé J.
Rémi étant toujours flagada, nous rentrons à l’hôtel et nous endormons âpres
avoir maté le film de Polanski Rosemary’s baby.
Je n’ai pas bien dormi, c’est peut être le film creepy de la
veille, on glandouille dans la chambre jusqu’au check out à midi. Rémi semble
aller un peu mieux. Au moment de quitter l’hôtel, un des employés nous demande
de payer pour une nuit supplémentaire car nous avions fait le check in à 10h20
la veille, alors que l’heure du check in n’est nullement spécifiée.
Décidemment, il faut mener un combat quotidien dans ce pays pour ne pas se
faire dépouiller. Je demande à parler à son supérieur qui remballe l’employé et
s’excuse tout en insistant que je lui donne mon facebook, numéro de tel, etc…
Puis quoi encore ?!
On quitte les lieux et après 10’ de rickshaw chargés de nos
sacs et littéralement affamés, nous essayons le Mc Do indien. Comme tout lieu
issu de corporation occidentale, on nous ouvre la porte et nous souhaite la
bienvenue. Ces marques d’attention pour un fast-food, ne cessera de m’étonner,
le paradoxe à l’état pur. Je dois avouer que les burgers végétariens sont
plutôt bons et le pain est beaucoup moins épais. Rassasiés, nous partons vers
le temple du lotus, une sorte de copie du théâtre de Sydney. C’est un temple
Bahaï qui représente un groupe islamique fondé en Iran. Je ne suis pas fan de
l’architecture. Pour la Nième fois, les gens se figent comme des statues en me
voyant, ils me déshabillent du regard sous toutes les coutures, les regards
insistants pèsent de plus en plus sur mes nerfs, je rentre dans leur jeu et les
mitraillent à mon tour, surtout ne pas détourner le regard, déstabilisés, ils
capitulent, je savoure ma petite victoire. Même une gamine ne peut s’empêcher
de déloger son regard sur moi sur toute l’allée menant à l’entrée du temple.
J’ai vraiment l’impression d’être une bête de cirque. Hommes et femmes
s’alignent dans 2 files séparées et après s’être déchaussés, on pénètre enfin
dans l’enceinte du temple. Rien de transcendant à l’intérieur, l’ambiance est
équivalent celle d’une église chrétienne et les sermons sont en Hindi.
Petite pause dans le parc du temple avant de se rendre à la
gare pour prendre notre train vers Amritsar. Le lieu est très touristique et je
dois dire que c’est vraiment tordant et pathétique à la fois d’observer le
comportement des indiens, le summum étant le passage de 3 filles blondes qui se
font littéralement mitraillées du regard par 2 indiens. Ils se croisent puis
les 2 indiens se retournent une fois de plus pour se rincer l’œil une dernière
fois. Et rebelote ils en remettent une couche lors du passage d’une autre
occidentale. C’est pathétique. D’après les explications que j’ai pu recueillir,
la raison de ce reluquage intempestif se situe dans le fait qu’aux yeux des
indiens, les occidentaux sont très exotiques et très beaux. D’autre part,
l’image de la fille occidentale correspond aussi à l’icône typique des films
pornos, ce qui n’arrange pas notre réputation.
A notre sortie du parc, comme d’hab les rickshaws se jettent
sur nous avec les mêmes questions : « Rickshaw my friend »,
« which country ?», « are you married ? »… Apres s’être
une fois de plus bagarré pour trouver un rickshaw qui accepte d’enclencher son
compteur métrique, on entame une course de 30 minutes à zigzaguer entre les
chiens, les vaches, les gens, dans un cocktail de pollution, poussière et
concert de décibels de klaxons pour rejoindre la gare. L’Inde, vrai kaléidoscope
d’images et d’impacts sensoriels. En attendant notre train, un indien tient le
crachoir à Rémi et il a du mal à s’en débarrasser. 19h : nous prenons
place dans le wagon couchette, 2 mecs imperturbables ne cessent de nous mater
jusqu’à ce que nous décidions de rejoindre nos banquettes et nous coucher. Les
arrêts de train s’enchainent et les relans d’odeur de pisse, excréments et
autres déjections, c’est tellement infect que ça me sort de mon sommeil. Tous
nos sens sont sollicités, aux odeurs se mêle le spectacle visuel, nous
assistons malgré nous à un défilé de culs dénudés qui délestent leur intestin
sur le bord de la voie ferrée. Voyager à bord des trains indiens, ça forge le
caractère.
6h30, nous débarquons à Amritsar, la ville frontière avec le
Pakistan. Rémi n’est vraiment pas en forme, il s’est vidé toute la nuit, il
n’échappe pas une tourista. Difficile pour l’organisme de gérer ses énergies de
la même façon surtout lorsqu’il fait 40°C avec un degré d’humidité de 80%. On
attend jusqu’à 7h avant de contacter notre hôte CSurfer Jolly, un peu embarrassés
de le déranger si tôt, on le prend un peu de court mais il accepte de nous accueillir
maintenant. En raccrochant le téléphone public de la gare, le gars essaie de me
faire payer le double de la communication, en vain, je ne me laisse plus
plumer.
En sortant de la gare, c’est une ode de rickshaws qui
s’agglutinent autour de nous et vocifèrent à coups de « hello where you
go ? », « cheap, cheap », si tôt le matin alors qu’on a très
mal dormi dans les conditions précaires du train, nos nerfs sont mis à rude
épreuve. Petit à petit, on a pourtant appris à rembarrer poliment ou ignorer
efficacement tous ces mendiants adhésifs. Rémi se retient tant que mal de
gerber, malgré les soubresauts de la route menant à notre hôte qui habité près
de l’aéroport. Le rickshaw nous dépose
devant une résidence privée surveillée et nous demande 150 Rps, je lui en donne
90 et il commence à s’emporter, me demandant même d’appeler Jolly qui me
conseille de lui en donner 100. Je crois avoir enfin trouvé un moyen de jauger
le degré d’arnaque, le baromètre du tarif juste sera proportionnel au degré
d’énervement du conducteur. Je commence à me prendre au jeu ;-) On
s’approche de la maison qui de l’extérieur nous semble déjà assez cossue, nous sommes
accueillis par Jolly en pyjama qui porte un turban sur la tête ainsi qu’un
autre autour du visage, comme un œuf de Pâques. Je pense naïvement qu’il a
surement une rage de dent avant de comprendre plus tard que c’est une sorte de
conditionneur pour maintenir sa longue barbe dans une esthétique harmonieuse.
L’intérieur est magnifique, tout est fait de marbre blanc, y compris les
escaliers et sur 2 étages. Visiblement on a atterri chez une famille de Sicks
très aisée. J’explique à Jolly que Rémi est malade et il nous invite à nous
reposer dans la chambre d’amis. Quel bonheur de découvrir un lit en 160 (avec
la tête de lit) et une salle de bain privée (équipée de WC occidentaux), on est
au paradis ! On a beaucoup de mal à se comprendre en anglais. Les quelques bouchées
que Rémi avale ne resteront pas longtemps dans son estomac. Nos hôtes partent
diner chez des amis et nous remontons dans notre chambre. Leurs enfants, une
fille de 13 ans et un fils de 10 ans dont les cheveux n’ont jamais été coupés
par tradition fait un boucan du diable en tapant sur des bols en inox avec des cuillères,
la TV est allumée à plein volume alors que le grand père essaie de dormir. La
notion de respect n’est pas de rigueur. Le typique enfant roi !
L’état de santé
de Rémi ne s’améliore pas, au contraire, il divague et me dit souffrir de
sortes de dépressions dans l’oreille droite. On décide de quitter les lieux et
rentrer chez nos hôtes. A la sortie du temple, on récupère nos chaussures et je
rigole un bon moment lorsque en me servant du tissus orange pour essuyer la
boue séchée de mes pieds, une indienne m’interrompt violemment en criant
« don’t do that! This is sacred » Euh…ok. Elle a du me prendre pour
une occidentale arrogante, pouvais pas savoir. On ne fait pas 500m avant que
Rémi ne régurgite son repas, tout en se contorsionnant pour soit disant dépressuriser
ses tympans, c’est très étrange. L’avantage c’est qu’on ne se fait pas harceler
dans la rue. Je me bagarre encore pour payer une course en rickshaw au tarif
local, à force je prends la main et sa porte ses fruits. Rémi dormira tout l’après-midi
et de mon côté j’en profite pour écrire un peu et répondre aux emails, il y a
du wifi ici :) . Je commence un peu à flipper en regardant les news sur le
net, apparemment il y a une recrudescence d’encéphalites japonaises dans la
région d’Amritsar. Niveau piqures de moustiques, on a été gâtés.. Nous
descendons diner en entamant un bout de conversation avec Jolly qui reste
orientée vers la bouffe et visiblement
Après
quelques heures de sommeil salvateur, enfin perturbé par un petit incident, un
vieil homme, le grand-père, s’est avancé dans la chambre et en me levant pour
le saluer, il a tenté de m’embrasser sur la bouche, ça commence bien, mais
c’est quoi leur problème à ces mâles indiens ? Nous descendons faire
connaissance avec nos hôtes. On prend place sur les sofas, c’est tellement rare
en Inde et aussitôt Jolly claque des mains et ordonne à sa femme de nous
préparer quelque chose à manger. Situation très embarrassante, j’ai beau dire
que nous n’avions pas faim mais en vain. Les conversations sont assez limitées,
les réponses à mes questions restent brèves, dur d’alimenter les discussions. Après
un très bon repas fait de thé Chai, chappattis et légumes pas trop épicés,
Jolly nous dépose en ville dans sa grosse berline, direction le Golden Temple. Il
y a déjà une longue file d’attente devant le temple souhaitant faire l’offrande
au dieu Krishna d’autant plus qu’aujourd’hui on célèbre son anniversaire. On
doit se déchausser et je suis obligée de couvrir mes cheveux d’un tissu orange que
je noue en mode guerrier. A l’intérieur, on se joint à la marche très lente
autour du bassin, on se fait reluquer comme d’hab et me prend la tête avec des
mecs qui prennent encore des photos à mon insu.
Le lendemain, Rémi va beaucoup mieux, ses cataclysmes
intestinaux semblent appartenir au passé, pourvu que ça dure. En revanche,
c’est moi qui écope d’un rhume carabiné, je n’ai quasiment pas fermé l’œil de
la nuit. Un monticule de mouchoirs s’est accumulé sur le lit. De toute façon,
aujourd’hui, on a décidé de se faire une journée glandouille pour recharger les
batteries. On est un peu embarrassés de rester isolés sans vraiment interagir
avec nos hôtes. En plus la femme de Jolly est au petits oignons avec nous,
toutes les 4h, nous dégustons de délicieux mets indiens, on enchaine thé chai
et chappattis. On est servis comme des rois. Plus tard, dans la soirée, on
l’accompagne faire des courses avec les enfants. C’est la première fois que
l’on voit une femme indienne conduire, l’ambiance est au top dans la voiture.
Les enfants sont vraiment marrants, surtout le garçon, il nous a même fait une
démo de danse digne des films bollywoodiens. Nous continuons de marcher un peu
de nuit dans la ville en compagnie de notre petite famille. Au hasard des rues,
nous tombons sur des cérémonies hindouistes : milliers d'offrandes aux
multiples couleurs, sons de cloches répétitifs et interminables. On se prend au
jeu, honorons les divinités avec des offrandes et je repars le front arborant
la tikka (point rouge au niveau du 3ème œil).
On rentre à la « maison » avec un stock de
tablettes de chocolat pour palier au manque de magnésium et…parce que ça nous
manquait trop !
Jolly et ses amis sont déjà bien entamé l’apéro, on nous
tend des verres de whisky, l’alcool étant le meilleur remède pour nous remettre
d’aplomb selon le patriarche de la maison, on est loin des concepts de la
philosophie hindouiste. Il me force la main pour un second round, le bougre!
Selon ses dires, c’est un verre d’alcool pour l’ennemi et 2 verres pour l’ami,
pff, faudra trouver autre chose. J’ai décidément peu d’affinités avec ce type,
la veille il m’a posé pas mal de questions du genre « est ce que c’est
vrai qu’on peut voir des femmes nus sur la plage en France ? », il
voulait aussi savoir si je vivais seule, si j’avais un copain et s’il pouvait
venir passer quelques jours chez moi. Il prévoit de partir voyager en Europe
tout seul, sans sa famille.
Jolly étant parti vider quelques bouteilles avec ses amis,
son fils monte dans notre chambre et me demande de bien vouloir ouvrir la porte
à son père lorsqu’il rentrera, si je suis toujours éveillée. C’est quoi ce plan
foireux, comme s’il n’avait pas les moyens de faire un double des clés. Tard
dans la nuit, la bête est de retour, après avoir abusé de la sonnette et
tambouriné à la porte, quelqu’un daigne aller lui ouvrir. Quelques minutes plus
tard, j’aperçois dans la pénombre du couloir éclairé pas la plaine lune, la silhouette
de Jolly s’approchait de notre lit. Je me redresse et pousse un cri. Effrayé il
tourne les talons. Quel pervers!
Ce mec me débecte, il a la 40aine et un bide très
proéminant, d’ailleurs en Inde on peut évaluer la classe sociale d’une personne
selon le volume de sa bedaine, c’est une valeur sure.